CAHIER D’ESPÉRANCE N°936 «Mes frères les oiseaux  »

Depuis quelques années, la forêt est pour moi un lieu d’émerveillement, de communion avec la nature et son  créateur.

Mes frères les oiseaux ou le cantique des créatures de Saint François
d’Assise font écho en moi.

C’est au fil de mes balades qu’a commencé ce travail sur les oiseaux. Deux bouts de bois choisis, un corps et une tête, sans retouche, sans  découpe, seul le regard décide et ses deux éléments assemblés prennent vie.

La nature nous offre des cadeaux si nous y prêtons attention.


Laudato Si / Loué sois-tu, sur la sauvegarde de la maison commune

Conférence de Carême du Père Hugues Morel d’Arleux, Recteur de Notre-Dame de Pentecôte, le jeudi 21 mars 2019 .

Cette Encyclique, écrite par le Pape François, a été publiée en juin 2015, avant la COP 21 (novembre-décembre 2015).

La question posée est celle de la place de l’homme dans la sauvegarde de l’environnement ?

Le Pape ouvre son Encyclique sur un extrait de la prière de Saint François :

« Loué sois-tu, mon Seigneur pour sœur, notre mère la terre, qui nous soutient et nous gouverne, et produit divers fruits avec les fleurs colorées et l’herbe. »

Les enjeux sont la protection du plus faible, une écologie intégrale vécue avec joie et authenticité.

La terre crie et ce cri rejoint celui des pauvres.

« Car tout est lié », comme aime à le répéter le pape François (9 fois dans son Encyclique).

Sa démarche est classique, elle consiste à VOIR, JUGER et AGIR.

SIX PARTIES QUI SE REPONDENT DEUX A DEUX (comme les six jours de la création)

1- Accueillir des éléments scientifiques : « Ce qui se passe dans notre maison »

Le Pape invite à un débat honnête, à partir de la science, instrument privilégié de connaissance du monde.

Face à la pollution, aux changements climatiques, à la question de l’eau, à la perte de la biodiversité, à la dégradation sociale ou encore à l’inégalité planétaire, force est de constater « la faiblesse des réactions (N° 53) et la diversité des opinions » (N° 60), alors qu’il est devenu impossible de se voiler la face.

2- Inviter les scientifiques au dialogue avec tous : « Evangile de la création »

« La science et la religion qui proposent des approches différentes de la réalité, peuvent entrer dans un dialogue intense et fécond pour toutes deux. » (N° 62)

L’obligation envers la nature est inscrite dans notre foi : « il faudra inviter les croyants à être cohérents avec leur propre foi et à ne pas la contredire par leurs actions… » (n° 200)

Le Pape cite volontiers Jean-Paul II aux JMJ de 1990 : « les chrétiens notamment savent que leurs devoirs à l’égard de la nature et du Créateur font partie de leur foi. » 

3- Quelles sont les racines humaines de cette crise écologique ?

« Il y a une manière de comprendre la vie et l’activité humaine qui a dévié et qui contredit la réalité jusqu’à lui nuire. » (N° 101)

Le Pape souligne la responsabilité du libéralisme triomphant : « Les finances étouffent l’économie réelle. » (N° 109)

Même si la technologie est positive, il est dangereux de considérer le monde comme illimité. « …la technique séparée de l’éthique sera difficilement capable d’autolimiter son propre pouvoir. » (N° 136)

La réalité est supérieure à l’idée. « Quand on ne reconnaît pas, dans la réalité même, la valeur d’un pauvre, d’un embryon humain, une personne vivant une situation de handicap (…) on écoutera difficilement les cris de la nature elle-même. » (n° 117)

La terre est donnée. « Tout est donné », pour reprendre une expression d’Elena Lassida.

Nos comportements ont des conséquences sur l’avenir et sur le déséquilibre Nord-Sud.

Le Pape préconise de « sortir de la spirale de l’autodestruction » et de « concevoir l’humanité comme un peuple qui habite une maison  commune ». (N° 163)

4- L’écologie intégrale

Léon XIII avait déjà parlé « d’humanisme intégral et solidaire » et Paul VI parlé de « tout l’homme, tout homme et tous les hommes ».

Avec François, l’écologie intégrale se décline à différents niveaux :

Ecologie intégrale environnementale, économique et sociale, écologie culturelle, écologie de la vie quotidienne…

Suit une définition classique du bien commun : je ne suis pas seul sur ma planète… C’est « l’ensemble des conditions sociales qui permettent, tant aux groupes qu’à chacun de leurs membres, d’atteindre leur perfection de manière plus totale et plus aisée. » (Gaudium et spes) cité par le Pape François.

5- Quelques lignes d’orientation et d’action

Pour avancer, le Pape invite à un dialogue avec tous, sur le plan international, national et local.

Le Pape François constate : « Répondant à des intérêts électoraux, les gouvernements ne prennent pas souvent le risque de mécontenter la population… » (N° 178)

6- Education et spiritualité écologiques

« L’homme moderne n’a pas reçu l’éducation nécessaire pour faire un bon usage de son pouvoir » (Evangelii Gaudium et Laudato si N° 106)

C’est une invitation à prendre conscience de la dimension éducative et spirituelle de cette conversion. La nouvelle éducation vise notamment à

« une critique des mythes de la modernité… »

« La juste compréhension de la spiritualité consiste en partie à la paix (…) La paix intérieure des personnes tient dans une large mesure, de la préservation de l’écologie et du bien commun… » (N° 225)

QUELQUES POINTS SAILLANTS

Au-delà de la prise de conscience, que pouvons-nous faire ? Opérer une véritable conversion écologique et opter pour un autre style de vie. Cette conversion ne sera pas seulement individuelle, mais politique et sociétale.

Laudato Si est une nouvelle étape dans la pensée sociale de l’Eglise, c’est la première Encyclique qui aborde les questions environnementales. Tout étant lié, la réflexion met en avant une écologie intégrale, indissociable de la justice sociale. Il n’y a jamais de réponse partielle.

Le mot processus revient 16 fois dans le texte. La révolution écologique n’est pas un saut quantique, elle s’inscrit dans le temps et nécessite la mise en place d’objectifs, d’étapes…

« Le temps est supérieur à l’espace » affirme le Pape François.

REMARQUES ET OBJECTIONS

– Notons qu’une augmentation de 2° C de plus au niveau de la planète, c’est comme si nous vivions avec un corps à 39,2° C en permanence… Nous serons vivants, mais en mauvais état.

Dans ces conditions, comment nous organisons-nous pour accueillir les migrants climatiques ?

– Pour le Pape, l’augmentation de la population mondiale n’est pas un problème ; elle est même compatible avec un humanisme intégral. Mais comment en être certain ? Le Pape n’argumente pas. Cette question est naturellement en lien avec les questions de morale sexuelle de l’Eglise.

– La question du progrès est un mythe remis en question, le vrai progrès consiste en une amélioration de la qualité de la vie… « Un développement technologique et économique qui ne laisse pas un monde meilleur et une qualité de vie intégralement supérieure ne peut pas être considéré comme un vrai progrès… »  (N° 194)

LE DIALOGUE COMME METHODE

Il faut initier des processus, car « tout seul on va plus vite, mais ensemble on va plus loin ».

Mais le dialogue suppose la confiance a priori. Cette Encyclique est elle-même un exemple de dialogue. Le Pape cite le travail de scientifiques, des Conférences épiscopales et le dialogue œcuménique.

L’Esprit-Saint agit dans l’Eglise et où il veut. (Galates 5,22)

« DIALOGUE ET ANNONCE »

Voici un document de travail pour le dialogue inter-religieux (Du Conseil pontifical pour le dialogue inter-religieux et la congrégation pour  l’évangélisation des peuples.)

Nous retenons 5 critères pour un dialogue authentique :

Un dialogue authentique présuppose qu’il y ait entre les partenaires une confiance a priori. La confiance se donne.

Le dialogue est au service de la recherche de la vérité, vers laquelle nous tendons. L’Eglise ne possède pas la vérité ; Elle désigne Jésus-Christ qui est la vérité. (La vérité est la Parole qui dit le réel.)

En raison de la recherche mutuelle de la vérité, le dialogue provoque la transformation des partenaires. Le dialogue authentique nous fait consentir que nous allons bouger, et réinterroger nos convictions.

Le dialogue prend du temps, il suppose décantation et mûrissement.

Le dialogue n’est pas une affaire individuelle, elle renvoie chacun à sa communauté.

L’autre n’est plus une personne que je cherche à convaincre mais une personne avec qui je cherche la vérité.

EN QUELQUES MOTS

« Tout est lié » / « Tout est donné » : « Tout est fragile ».

Trois concepts : l’écologie intégrale, le processus, le dialogue

Trois appels : la louange, la conversion écologique, la révolution culturelle.

Les crises sont des occasions de changement.

 

N°936 Semaine du  11 au 18 Septembre 2019

Vous pouvez télécharger le Cahier d’Espérance N°936 au format PDF :

2019 – 936