CAHIER D’ESPÉRANCE N°934 «Vacance»

VACANCE : Le temps de faire le vide, de se désencombrer le cœur, de devenir vacant, l’espace de quelques semaines.

VACANCE : Le temps de regarder sans prendre, sans mettre la main dessus,

de contempler, comme ça, en passant, cette nature, avec ses fleurs, ses oiseaux, ses océans, qui se moque bien de nos peurs du vide.

VACANCE : Le temps d’écouter le silence, d’écouter le soleil qui se couche,

les battements du cœur, et le bruit du sang, un homme qui craint son propre silence est-ce encore un vivant ?

VACANCE : Le temps de réapprendre l’autre, de trouver en lui et moi le creux d’une distance, d’une autre distance, ma femme, mes enfants, mes amis.

Tous ceux-là dont je me sers pour meubler mes vides, pour remplir mes greniers, si je pouvais, l’espace de quelques jours, cligner un peu l’œil, et me surprendre à les regarder autrement.

VACANCE : Le temps de retrouver la parole, une parole qui prenne chair au secret du silence, quand s’effacent les tourbillons et les salades des discours,

ce bruit familier dont je m’entoure comme d’un masque,une parole qui naisse dans mes yeux, le temps d’un sourire et d’une caresse, avant que de prendre forme sur mes lèvres…

Notre cœur est aussi vaste que l’horizon, aussi profond que le ciel, aussi émouvant que la mer et le vent, il va plus loin que toutes les routes de la terre.

Notre cœur est un trésor sans prix, sa soif et sa faim sont au-delà des mirages qui voudraient l’assouvir.

        Père Michel  Scouarnec  

Michel Scouarnec (né en 1934) est un prêtre catholique, auteur- compositeur et écrivain français. Il est prêtre du diocèse de Quimper (Finistère), et a été professeur de liturgie et  directeur de la radio du diocèse de Quimper. Il est auteur et compositeur de chants  religieux (en breton et en français) et profanes. Un exemple, le chant bien connu :
« Ouvre mes yeux, Seigneur, aux merveilles de ton Amour  »


4°Conférence de Carême à Notre-Dame de Pentecôte 

28 mars 2019

La joie de l’Evangile
Les nouveaux défis de l’annonce de l’Evangile
par le Père Dominique BARNERIAS

Curé Doyen de Sartrouville

Enseignant à l’Institut Catholique de Paris

(Suite et fin)

Ce texte offre-t-il des réponses aux crises que connaissent aujourd’hui l’Eglise et la société?

La crise des abus sexuels dans l’Eglise

Même si la question n’est pas directement abordée, on trouve des éléments de réflexion.

Au Chapitre 2 : Dans la crise de l’engagement communautaire – Section 2 : Tentations des agents  pastoraux.

Le Pape s’oppose au « pessimisme stérile », il dit également « non à la mondanité spirituelle » et «non à la guerre entre nous ». A Noël 2014, le Pape s’adressant à la Curie, reviendra sur ces thèmes.

Et de s’exclamer «ne nous laissons pas voler l’enthousiasme  missionnaire ! » (EG 80) !

« Ne nous laissons pas voler la joie de l’évangélisation. » (EG 83)

Le mot de cléricalisme apparaît une fois :

« Les laïcs sont simplement l’immense majorité du Peuple de Dieu. À leur service, il y a une minorité : les ministres ordonnés. Mais la prise de conscience de cette responsabilité de laïc qui naît du Baptême et de la Confirmation ne se manifeste pas de la même façon chez tous. Dans certains cas, parce qu’ils ne sont pas formés pour assumer des responsabilités importantes, dans d’autres cas, pour n’avoir pas trouvé d’espaces dans leurs Églises particulières afin de pouvoir s’exprimer et agir, à cause d’un cléricalisme excessif qui les maintient en marge des décisions. » (EG 102)

Il est aussi question d’abus, mais pas à propos de l’Eglise.

Ce n’est pas le pouvoir qu’il faut rechercher mais la conversion. Il s’agit du péché du « on devrait  faire », chercher à se protéger de la mission et de ses exigences, au lieu de s’engager au contact  du peuple. (EG 96)

Au contraire de Benoît XVI qui s’inquiétait du relativisme doctrinal, François est surtout  préoccupé du relativisme pratique, qui lui semble plus grave :

« Ce relativisme pratique consiste à agir comme si Dieu n’existait pas, à décider comme si les pauvres  n’existaient pas, à rêver comme si les autres n’existaient pas, à travailler comme si tous ceux qui n’avaient pas reçu l’annonce n’existaient pas. » (EG 80)

Le Pape appelle à donner et à se donner à la mission, source de vraie joie, dans un contexte de fraternité :

« De nos jours, alors que les réseaux et les instruments de la communication humaine ont atteint un niveau de développement inédit, nous ressentons la nécessité de découvrir et de transmettre la “mystique” de vivre  ensemble, de se mélanger, de se rencontrer, de se prendre dans les bras, de se soutenir, de participer à cette  marée un peu chaotique qui peut se transformer en une véritable expérience de fraternité, en une caravane  solidaire, en un saint pèlerinage. » (EG 87)

Le Pape critique aussi l’économie libérale, comme un système d’exclusion :

« De même que le commandement de “ne pas tuer” pose une limite claire pour assurer la valeur de la vie humaine, aujourd’hui, nous devons dire “non à une économie de l’exclusion et de la disparité sociale”. Une telle économie tue. Il n’est pas possible que le fait qu’une personne âgée, réduite à vivre dans la rue et  meure de froid, ne soit pas une nouvelle, tandis que la baisse de deux points en bourse en soit une. Voilà  l’exclusion. (…) Avec l’exclusion, reste touchée, dans sa racine même, l’appartenance à la société dans laquelle on vit, du moment qu’en elle on ne se situe plus dans les bas-fonds, dans la périphérie, ou sans pouvoir, mais on est dehors. Les exclus ne sont pas des ‘exploités’, mais des déchets, ‘des restes’. » (EG 53)

On peut dire aujourd’hui que les gilets jaunes sont en périphérie, qu’il y une marginalisation dans les pays et entre pays, à cause de la dictature de l’argent. C’est une crise anthropologique puisque l’homme est réduit à un seul de ses besoins, la consommation.

« Une des causes de cette situation se trouve dans la relation que nous avons établie avec l’argent, puisque nous  acceptons paisiblement sa prédominance sur nous et sur nos sociétés. La crise financière que nous traversons nous fait oublier qu’elle a à son origine une crise anthropologique profonde : la négation du primat de l’être humain ! Nous avons créé de nouvelles idoles. » (EG 55)

L’homo economicus est la version réductrice de l’homme. Nous sommes invités à retrouver une vie spirituelle et fraternelle : « Pour partager la vie des gens et nous donner généreusement, nous devons reconnaître aussi que chaque personne est digne de notre dévouement. »

La perspective retenue est celle de l’humilité : « Si je réussis à aider une seule personne à vivre mieux, cela  justifie déjà le don de ma vie. »

(EG 274)

QUESTIONS / REPONSES

— La piété populaire est évangélisatrice (Cf. « La piété populaire, une chance pour l’évangélisation »  de Maximilien de La Martinière)

—Il existe en France de nombreuses initiatives missionnaires, exemple le Congrès Mission. Il aura lieu les 27 à 29 septembre 2019, à Notre-Dame des Champs, à Paris. Rassemblant plusieurs milliers de  participants de toute la France, il recense et présente ces initiatives. (congresmission.com)

Notes d’Anne Plauchu


N°934 Semaine du  10 Juillet au 4 Septembre 2019

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2019 – 934