CAHIER D’ESPÉRANCE N° 815 : « Saint Luc : l’Evangéliste aux deux visages »

CONFÉRENCE DE FRANCIS LAPIERRE

 jeudi 2 juin à 12h45

Cette année, nous vivons sous le signe de la Miséricorde (thème voulu par le Pape François) et nous sommes accompagnés par l’Evangile de Luc. De nombreuses publications ont d’ailleurs fait le lien, car saint Luc a la réputation d’être gentil parce qu’il nous raconte l’enfance de Jésus à travers le oui de la Vierge Marie et qu’il ménage dans son récit, des temps de pause pendant lesquels Jésus se ressource par la prière…

Dans sa construction, l’Evangile de Luc résulte de la combinaison de deux documents antérieurs :

– Un Evangile de Marc dont  Luc adoucit le vocabulaire juif et élude les allusions à l’Ancien Testament que sa communauté de païens ignore.      (Ch.3-9). Il est complété du récit de la Passion  (Ch.19-23).

– Un document qu’il partage avec Matthieu (Ch.10-18), désigné sous le nom de Deuxième Source, parce que Marc ne semble pas le connaître, comme si Marc avait rédigé son Evangile antérieurement.

Cette Deuxième Source est essentiellement composée de discours de Jésus, ces discours se terminant par des mises en garde adressées aux communautés. La comparaison des conclusions respectives selon Matthieu, puis selon Luc, nous permet de découvrir un phénomène imprévu : Luc est beaucoup plus sévère et imprécatoire que Matthieu contre ceux qui refusent de se convertir !

À tel point qu’après les Jours de Noé – où tous les méchants ont été noyés (Matthieu) –, Luc rajoute les Jours de Lot où le feu et le soufre du ciel viennent tout détruire…Reste-il encore quelque chose ?

Il était temps que Luc arrête la polémique…mais celle-ci s’explique si sa rédaction se situe dans les années qui suivent le début des persécutions. .

Dans ce contexte, les malédictions spécifiques à Luc, qui complètent ses béatitudes (6,20-26) sont à relire.

Longtemps, nous avons pensé que ces malédictions témoignaient d’une source primitive et que Matthieu, de son côté, les avaient ignorées ou supprimées.

L’utilisation dramatique que fait Luc de la Deuxième Source, nous oblige à nous demander si ces malédictions ne seraient pas tardives et polémiques, une forme de réponse aux morts violentes de Pierre et de Paul :

À une communauté apeurée et en proie aux persécutions, qui a faim, qui pleure et qui est l’objet de railleries, Luc oppose  le présent difficile au futur radieux dans le Royaume.

Puis, il supprime du texte de Matthieu (ou de la Deuxième Source) tous les termes de douceur qui pourraient être compris comme de la faiblesse : plus de doux, de miséricordieux, de cœurs purs, et d’artisans de paix.

Vous êtes haïs, rejetés (un rajout de Luc) et insultés et diffamés maintenant à cause du Fils de l’homme, mais bondissez de joie car votre récompense sera grande dans les cieux

Francis LAPIERRE, Diacre


 Image0 Compte rendu d’une réunion d’équipes et de groupes à NDP en 2016

 

 

A la suite de l’Assemblée Générale des Equipes qui s’était tenue fin 2015 nous avons changé la forme de nos réunions pour favoriser les échanges et le partage de ce qui se vit dans les différentes équipes.

–  Les participants se sont donc regroupés par tables de 6 personnes de différentes équipes.

–  Un thème commun  était proposé.

–  La participation était ouverte à tous les membres de chaque équipe professionnelle. Pour ce qui concerne les Parcours ou les Groupes de prière, il s’agissait bien sûr des membres de l’équipe animatrice.

–  Un rapporteur par table a été désigné pour permettre un compte-rendu de ce qui aura été partagé, le temps trop court ne permettant pas une synthèse en fin de réunion. 

     Le thème proposé, pour cette première expérience, était le suivant :

            « Le travail : ce qui en est partagé dans les équipes »  

      – Le travail comme lieu de création, de relations, d’humanisation et aussi de satisfaction, de joies, de fierté.

      – Le travail avec ses contraintes, les pressions du temps, de la performance,de la   hiérarchie…  parfois aussi de souffrance.

      – Quels éclairages et aides à la réflexion peut-on proposer en équipe :

              La doctrine sociale de l’Eglise, l’Evangile partagé, la prière ?

Plusieurs tables se sont constituées. Nous parlerons d’intervenants plutôt que de citer les noms ou les prénoms, certaines des réactions étant assez directes et personnelles.

Image1La 1ère Intervenante commence par évoquer des situations se rapportant à la 2° question. Ses réflexions s’appuient sur la
situation dans son entreprise mais aussi sur ses contacts syndicaux et municipaux. Elle parle de suppression de postes,de non remplacement des anciens, de stress, de harcèlement moral. Du refus de certains de faire des heures supplémentaires à cause du chômage, de réduction des avantages sociaux, des exigences de performances. Dans la fonction publique, la moitié des agents sont contractuels. Il manque du monde, les budgets sont serrés d’où des salaires de  misère.                                                             Il  y a  la souffrance de ceux qui ont du travail et qui ont la pression et celle des chômeurs.

La 2ème Intervenante : Dans la Banque, il faut rapporter de l’argent pour les actionnaires mais aussi faire 20% d’économie de personnel, mais ces objectifs de réduction ne sont pas écrits ! Son but, dans le management de son équipe, est de faire que les gens se développent et soient contents de leur travail. La collaboration dans le travail apporte de grandes satisfactions. Bien sûr, les situations d’injustice sont cause de souffrances.

Le 3ème Intervenant ne se retrouve pas dans ce qui a été dit. Sa carrière a été jalonnée de choses passionnantes avec des équipes vastes, dans des environnements difficiles. Pour ce qui le concerne, il se sent participer à une œuvre collective dont il n’a pas à rougir. Dans son groupe, on ne travaille pas du tout sur l’exploitation capitaliste des « masses ouvrières ». Son travail est un lieu fort de relations, sources de joie. Plus je donne aux gens, plus je me réjouis !

La 4ème Intervenante est prestataire de services chez un assureur. Mais elle appartient à un groupe indien de 3000 personnes en France. La communication ne passe pas avec la Maison Mère qui n’a pas la même approche managériale car le système de castes est bien présent.

Elle a fait de la maintenance informatique au Vietnam, puis dans d’autres sociétés.

Image2Là où elle est en ce moment, on se parle ! Il y a beaucoup d’entraide. Actuellement, elle peut faire du télétravail à raison d’une journée par semaine. Certes, on est piloté par les budgets qui conditionnent les allocations de ressources.

Comment je peux être chrétienne en traitant un dossier ?  Être dans l’attention à l’autre. Sourire. 

Le 3ème Intervenant mentionne qu’il est dans une société « riche » qui ne licencie pas et a fait beaucoup de bénéfices cette année.  Mais la vie y est souvent harassante et elle entraine des problèmes de santé. Depuis, il est à l’écoute des gens qui souffrent notamment en situation de harcèlement.

Il dit aussi qu’il est reconnu dans sa Société comme chrétien engagé. A deux ans de la retraite, il n’a plus rien à prouver. 

La 1ère Intervenante signale qu’il a été demandé à sa Direction de mettre en place un N° vert avec des psychologues. En tant que Déléguée du personnel, elle va voir les gens en souffrance.

La 4ème intervenante dit aussi qu’avec la croix qu’elle porte au cou, les gens lui demandent de prier pour eux…

Le 5ème intervenant a fait un burn-out il y a sept ans et a mis cinq ans à s’en remettre ! Il y avait aussi du stress personnel. Mais sa société l’a conservé.

Suite des compte rendus des tables….dans un Cahier prochain.


 N°815 Semaine du 1 au 8 juin 2016

Vous  pouvez télécharger le Cahier d’Espérance N°815 au format PDF : 2016 – 815