Mon travail est figuratif, il consiste à essayer de capturer et raconter des instants de vie : Saisir l’instant, la vie, dans ses dimensions les plus dures comme les plus joyeuses, mais toujours en essayant d’en traduire ce qu’elles contiennent de douceur, de générosité, ou d’espoir.
Et, par-dessus tout, exprimer la relation.
Je travaille l’argile, et l’associe souvent au bois.
Bois flotté, bois issu de vieux mobilier, bois trouvé dans la nature ou les rebuts …
L’histoire portée par ces souches, branches ou morceaux de planches fait écho à la situation racontée par l’argile.
La plasticité de la terre permet de saisir la crispation d’un geste, l’amertume d’un pli d’expression, la raideur du corps révolté autant que l’ « effritement » de soi-même dans la détresse. De la même manière, elle permet de révéler l’ombre d’un sourire naissant, la douceur d’un geste de tendresse…
Ces deux dernières années, très inquiète de la souffrance des personnes arrachées à leur vie par la pauvreté, les aléas climatiques ou la guerre: migrants, réfugiés, à la rue, ou dans des camps, enfants soldats ou prisonniers… j’essaie dans mon travail de dire quelque chose de leur vie, de tous ces instants, où leur dignité, leur affection, ou leur fraternité s’expriment. Ce sont ces moments que mes mains tentent de traduire pour faire exister ces hommes et ces femmes aux yeux de tous comme autres nous-mêmes, infiniment proches, qui nous rejoignent profondément car partageant, les mêmes gestes, les mêmes rêves…
« Tâcher de comprendre un peu mieux ce que je vois, pour tâcher de comprendre un peu mieux ce qui m’attire et m’émerveille »
Alberto Giaccometti