CAHIER D’ESPÉRANCE N°911: «Guidés par l’Etoile…»

Pour notre crèche 2018, M. Paul-Etienne Mory nous a prêté la peinture « ETOILE » disposée dans le hall de Notre-Dame de Pentecôte. L’artiste confie avoir longtemps imaginé cette représentation de la crèche. Son trajet quotidien qui le conduisait à son atelier de Puteaux passait par cette station du métro.Un jour, il fut saisi par la scène d’une femme et son nourrisson présents sur un quai. Une autre fois, il observa un homme traversant une rue pour porter un tajine fumant à des personnes sans-abri. Cela ouvrit son imagination pour peindre un Américain offrant sa tirelire et un Asiatique apportant un téléviseur (la mire?).

Les Mages arrivés, il manquait la galette. Une fillette nous invite du regard à venir la partager. Un pigeon est déjà là (ne le prenons pas pour l’Esprit-Saint). M. Mory eut plus de difficultés à trouver saint Joseph. Il n’est pas aisé de représenter l’homme silencieux des Évangiles. On entend davantage les musiciens dans les couloirs des correspondances. Quelle surprise de découvrir l’âne se reposant de son voyage depuis Nazareth et le bœuf qui veille, portés à bout de bras par un enfant. Le peintre en a choisi un autre plus discret à la peau noire pour présenter la lumière. Et comme Noël, c’est aussi les cadeaux, ils sont à profusion.

Guidés par l’étoile, puissions-nous discerner la présence du Prince-de-la-Paix dans notre quotidien en 2019.

Père Hugues MOREL d’ARLEUX

Recteur


 Cycle de conférences des jeudis de novembre 
Vie professionnelle : Lieu d’épreuve & de croissance 

Prévention et qualité de vie

Quel accompagnement pour les acteurs du monde du travail? 

par Patrick  Amar, Président –Fondateur du Cabinet AXIS MUNDI

8 Novembre 2018

Dans le monde actuel,  comparés à la famille, à la religion et aux idéologies, le travail et l’entreprise s’en sortent plutôt bien. Le travail est « en même temps » un lieu de contrainte et d’épanouissement. Certes, si l’étymologie,  « tripalium » renvoie à  un instrument de torture ou  de contrainte, le travail peut être « labor » mais aussi  « opus » qui ouvre sur  une œuvre. Il devient alors  un moyen « au service » du bonheur individuel ou collectif.

Une politique de prévention des risques psychosociaux se justifie par les  trois « R » comme Responsabilité, explicite ou implicite, Réglementation qui a explosé  et Résultat, car un salarié qui va bien travaille mieux.

La tertiarisation du travail fait évoluer la pénibilité du travail de l’aspect physique – toujours présent- aux dimensions psychologiques.

D’un point de vue sociétal, mentionnons qu’à tout moment, il y a 5% de personnes souffrant de troubles anxio-dépressifs, que le risque de dépression est de 20% sur une vie,  qu’il y a  10 à 11 000 suicides par an et 15 à 20 fois plus de tentatives de suicides.

Parmi les facteurs de risque psychosocial, évoquons le toujours plus, toujours plus vite : concurrence globale, raccourcissement du cycle de vie des produits, nomadisme, zapping mental (difficulté pour les managers  de disposer de plus de trois ou quatre  minutes pour se concentrer sans interruption). Intensification du travail et  aussi diversification des profils : notons que les CDD sont plus exposés aux risques psychosociaux.  Les repères sociaux sont mis à mal. Ainsi de la famille : on parle d’un tiers, voire de la moitié des mariages qui divorcent.  Depuis 1972, les  messalisants sont passés de  20 % à  moins de 5 %.  13% des personnes vivent seules.

Au milieu de ces difficultés, le rôle central du travail demeure. Mais il est marqué par un certain nombre de risques. En 2007,  l’Union Européenne avait établi une liste de risques parmi lesquels l’intensification et la précarisation du travail, le vieillissement de la main d’œuvre, une plus grande exigence émotionnelle, auxquels on peut rajouter la souffrance éthique, le déséquilibre vie professionnelle et vie privée. Les RPS, (Risques Psycho Sociaux), traitent  à parts égales l’intégrité  physique et mentale.

Robert Karasek analyse le stress et le mal-être au travail à travers la confrontation entre la charge de travail et la latitude décisionnelle et les marges de manœuvre  des acteurs.

Une troisième dimension est le «soutien social ». L’image de la caissière de supermarché sur laquelle pèsent une forte charge de travail, une latitude très faible, un soutien insuffisant, incidemment dénoncée comme contre-modèle par la mère de famille dans la queue de caisse à ses enfants, en sa présence, est particulièrement éclairant.

Le psychologue Lazarus suggère  un double processus d’évaluation qui décidera de mon niveau de stress : à un premier niveau, une évaluation d’un événement perçu ou non  comme une menace. A un deuxième niveau, si l’événement est une menace, estimons-nous avoir la capacité à y faire face. Dans l’affirmative, le stress sera bien contrôlé. Dans le cas contraire d’une perception de menace et d’une incapacité à faire face à la situation, le stress sera important…

Enfin, Siegrist propose une analyse fondée sur une analyse effort à fournir/ récompense à en retirer. Si la récompense, qu’elle soit financière, sociale ou symbolique est suffisante, la personne trouvera son compte, pourra justifier de l’effort et le vivra mieux.

En résumé, on peut retenir des facteurs suivants de stress ou de risques psychosociaux:

  • Un travail confronté à l’urgence récurrente ;
  • Les exigences émotionnelles relatives aux conflits au travail, à l’exposition à la souffrance, à l’échec;
  • Le manque d’autonomie et de prévisibilité dans les missions;
  • Le manque de soutien social de récompense et d’équité. A ce sujet, une étude d’Harvard sur très  longue période montre l’importance du soutien social comme facteur primordial contribuant au bien-être;
  • Le conflit de valeurs entre les valeurs affichées et les valeurs réelles;
  • L’insécurité de l’emploi.

La psychologie positive peut se définir comme l’étude du fonctionnement des gens qui vont bien.
Martin Seligman, à l’origine du mouvement, a proposé le modèle sous l’acronyme PERMA:

P comme la capacité à ressentir et s’exposer à des émotions Positives;

E comme Engagement;

R comme  capacité à créer des Relations positives avec son environnement (à l’inverse, celui qui ne va     pas bien se coupe souvent de  soutien social) ;

M comme sens (Meaning en anglais), la capacité à  se rattacher à un projet plus grand que soi – transcendant ou immanent;

A comme Achievement ou réalisation, l’inscription d’objectif et leur réalisation dans le temps qui me  donne le sentiment de maitrise et de progrès .

Il est utile de passer d’une approche seulement curative à une approche davantage préventive.Il existe classiquement trois niveaux de prévention :

La prévention primaire consiste à créer un  environnement qui  soit le moins pathogène possible et, au contraire, crée des opportunités de développement et d’épanouissement au travail,  via par exemple des diagnostics de santé ou des enquêtes de climat social.

La prévention secondaire se centre sur l’apprentissage et la gestion des comportements de santé,notamment par la formation.

Enfin, la prévention tertiaire se centre sur les aspects curatifs de traitement via des dispositifs d’assistance psychologique, de la  gestion de crise, etc.

Notes de Laurent-Michel de Woillemont



N°911Semaine du 09 au 16Janvier 2019

Vous pouvez télécharger le Cahier d’Espérance N°911 au format PDF: 2019 – 911