CAHIER D’ESPÉRANCE N°904 : «Pourquoi donner au Denier de l’Église? »

L’Église ne reçoit aucune subvention ni de l’État, ni du Vatican.  Elle ne vit que de dons et notre Maison d’Eglise ne reçoit aucune aide du Diocèse. Au contraire, elle participe à son fonctionnement.

  • Le Denier de l’Église est donc une ressource essentielle et fondamentale de toutes les communautés catholiques pour faire face aux dépenses normales de fonctionnement, telles que :
    1. traitements des prêtres et des laïcs
    2. entretien des bâtiments, assurances et chauffage,  …..
    3. frais inhérents aux activités déployées,….
  • Pour assurer sa mission de présence et d’évangélisation sur le site de La Défense, notre Maison d’Eglise bénéficie du concours d’une petite centaine de bénévoles, mais elle a besoin aussi du soutien financier de tous les participants. Tout don, même minime, est donc le bienvenu. (www.ndp92.fr Rubrique: nous soutenir)

Ecoutons ce que nous dit à ce sujet notre Evêque:

« Nommé depuis peu évêque de Nanterre par le pape François, je découvre avec émerveillement la vitalité de l’Église dans les Hauts-de-Seine.

Les paroisses, les mouvements, les services du diocèse fourmillent d’idées et d’initiatives au service de la transmission de la foi et de l’accompagnement des plus pauvres.

Rien de tout cela ne serait possible sans le soutien de tous.

Que vous soyez des pratiquants très actifs ou des croyants incertains, vous pouvez tous exprimer votre engagement, quel qu’il soit, par votre générosité. Vous pouvez aussi encourager ceux qui ne le font pas encore – en particulier ceux qui débutent leur vie professionnelle – à participer au denier.

En recevant la charge du diocèse de Nanterre, j’ai conscience de la responsabilité qui est la mienne, avec des collaborateurs particulièrement compétents et dévoués, de gérer notre Église avec rigueur et dans un esprit de solidarité.

Merci de votre aide et de votre confiance ! Soyez assurés de ma reconnaissance et de ma prière.»

+ Mgr Matthieu Rougé

   Evêque de Nanterre

Au nom de toute notre communauté, un très chaleureux merci à ceux et celles qui ont déjà participé à faire vivre notre Maison  d’Église par leurs dons et à ceux et celles qui le feront encore.    

Père Hugues Morel d’Arleux, Recteur

Avec l’Equipe d’Animation Pastorale


 LE MOINAGEMENT ou l’art de manager selon Saint Benoît

Conférence à deux voix  donnée à Notre-Dame de Pentecôte le jeudi 12 avril 2018, par le Père Hugues Minguet, moine bénédictin à Notre-Dame de Sereys, Fondateur et animateur de l’Institut « Sens et Croissance », et par Vincent Lenhardt, consultant.

L’HERITAGE BENEDICTIN

La fondation par Saint Benoît de ses premiers monastères est un véritable choix de civilisation dans un monde en crise. La crise du Bas-Empire romain au VIème siècle a des similitudes, des points communs avec celle d’aujourd’hui : troubles politico-économiques, fragilité des frontières, corruption, non-respect de la vie à la naissance, mœurs chaotiques et coupure des élites avec les besoins et préoccupations du peuple…

Les bénédictins se sont attachés à transmettre l’héritage grec et latin. Ils ont joué un rôle de passeur de culture, c’étaient aussi des agriculteurs, artisans, amis des lettres et des arts. A Cluny, ils ont été jusqu’à 2000 moines. L’Ordre bénédictin est la plus vieille multinationale du monde. La question de savoir ce qui permet une telle pérennité est posée et trouve un intérêt nouveau. Récemment, l’Américain Rod Dreher a écrit un livre passionnant : « Comment être chrétien dans un monde qui ne l’est plus ? Le pari bénédictin ».

Quatre thèmes fondateurs de l’héritage bénédictin

Dans la Règle de Saint Benoît, qui inspire encore la vie des moines et moniales bénédictines et cisterciennes sous toutes les latitudes, nous relèverons quatre thèmes fondamentaux :

1- Une convergence entre des hommes désireux de sens partagé et des responsables qui sont garants d’une vision commune et d’une authentique « recherche de l’essentiel au cœur de l’important », selon la formule qui était chère à Bertrand Martin et Vincent Lenhardt (co-auteurs avec Bruno Jarrosson de « Oser la confiance » Insep Ed.)

Le Père Abbé exerce le leadership, il est élu, ce qui lui donne une légitimité. Aujourd’hui, on voit dans un groupe comme Carrefour, où les dirigeants ne sont jamais issus du sérail, qu’il y a des problèmes de transmission.

Le Père Abbé est porteur de sens, il tient la place du Christ, par sa personne et sa manière d’être.

2 – Ce manager doit être capable de vision et d’anticipation pour guider les personnes qui lui sont confiées. Il les accompagne dans la durée. Cette paternité spirituelle est un peu inspirante de l’esprit du coaching.

3 – L’Abbé, modèle du manager est un homme de paix (no stress).

4 – Il assume jusqu’à la responsabilité des défaillances de ses collaborateurs. Aujourd’hui, cette question de la responsabilité est devenue un enjeu important dans les entreprises. La peur des erreurs génère des processus de « reporting » de plus en plus lourds.

Pour mener à bien ses missions, le Père Abbé dispose de trois outils principaux:

  1. L’écoute
  2. Le discernement, étymologiquement « dia krisis», c’est-à-dire « à travers la crise ».
  3. La discretio, juste équilibre, pondération, bonne approche des personnes et des événements

QUEL LEADERSHIP ?

Dans la littérature sur les dirigeants, on retrouve des qualités proches de celles de l’Abbé. Pour mener à bien des opérations de transformation des entreprises, il faut considérer que les organisations sont vivantes, constituées d’êtres vivants. Ce principe est conforme à l’intelligence collective en œuvre  dans les monastères. Le père Abbé est à la fois appelé à conduire vers les hauteurs, mais dans une voie humble qui ne fuit pas la faiblesse humaine.

De même, un leadership nouveau, le « Servant Leadership » oblige le dirigeant à ne plus être nécessairement le plus intelligent, mais à se mettre au service des compétences de ses collaborateurs et à être capable d’être un simple participant. On retrouve là cette manière d’être chère à l’Eglise et présente dans le paradigme judéo-chrétien : Jésus lavant les pieds de ses Apôtres…

L’ABBAYE, UNE ORGANISATION AU SERVICE DU SENS

Aujourd’hui, on est de plus en plus face à des organisations complexes et difficiles à réformer.
Chez Saint-Benoît, on a une organisation subtile alliant pouvoir et contre-pouvoir, une simplification des structures pour qu’elles servent sans cesse le sens et la visée de l’action, une vie tournée vers le service de la personne et du bien commun.

Cette organisation repose sur un recrutement exigeant. Il s’agit de vérifier que le candidat a le «code génétique» du monastère, le désir de servir Dieu et la volonté de s’engager. Le temps de probation est assez long, puisque le premier engagement intervient au bout de 3 ans.

Dans ce système, chaque fonction est définie à partir de critères techniques, spirituels et psychologiques. Le sens doit paraître à chaque moment, chaque geste a du sens. Par exemple, par le lavement des mains, à l’arrivée des visiteurs, le moine se fait serviteur du Christ qui arrive, c’est à la fois un rappel du lavement des pieds et de l’onction de Béthanie. De même que l’hôte est ici considéré comme le Christ que je dois servir, chacun doit être regardé comme important. On peut dire que le monde chrétien a opéré une véritable révolution, Le service est devenu la position royale, le Christ, Maître et Seigneur a pris la position du serviteur et l’esclave (doulos).

La Règle de St Benoît prône une culture du sur-mesure en matière de service : l’accueil s’adaptant aux demandes et aux attentes de chacun. A Sereys, on procède de même quand on conçoit un séminaire d’entreprises ou pour le MBA HEC – séminaire qui s’adresse à 50 nationalités…

Tous les hommes (du Président de la République au routard) sont accueillis autour de la même table pour un repas en silence. On accueille tout Homme, chaque Homme et tout l’Homme, dans ses dimensions affective, spirituelle, intellectuelle, mais aussi physique (lits confortables, chauffage, éclairage, repas…)

L’ENTREPRISE AU SERVICE DU SENS

Les membres d’une organisation d’intelligence collective, créent une alliance, ce sont des êtres de relation, appelés à devenir des êtres de communion. Tendant vers les mêmes valeurs, ils sortent d’un système purement hiérarchique. Le manager devient personne-ressources qui agit en co-responsabilité, à partir d’une vision partagée du sens. On passe d’une entreprise pyramidale à une entreprise transversale ; le salarié devient homme-ressource, porteur de sens.

La redéfinition de l’entreprise dans le code civil est en cours, de manière à ce que soit reconnue l’utilité sociale de l’entreprise, sa mission (Rapport Sénart : l’entreprise Michelin est une entreprise porteuse de ces valeurs-là). Il faut tenir compte de l’environnement du salarié, plutôt que de l’actionnariat. On assiste à une tendance irréversible : le besoin de sens.

Notes  d’Anne Plauchu

Suite et fin au prochain Numéro





N°904 Semaine du  7 au 14 Novembre 2018

Vous pouvez télécharger le Cahier d’Espérance N°904 au format PDF:  2018 – 904