CAHIER D’ESPÉRANCE N°836: “Les Bergers et les Mages”

Les bergers et les mages garnissent, décorent et donnent vie à nos crèches, et c’est bien ainsi !

Les évangélistes ont-ils voulu garnir, décorer leur récit de quelques détails pittoresques entourant la naissance de l’Enfant, ou y a-t-il autre chose ?

La présence des bergers ne se comprend qu’au travers d’une relecture d’un épisode de l’Ancien Testament. Un certain Joseph (déjà !), vendu par ses frères en Égypte, est devenu conseiller de Pharaon par sa capacité à interpréter les rêves d’autrui. Sa tribu d’origine, Jacob, subissant une période de disette dans le désert, vient quémander auprès de Pharaon, l’autorisation de rentrer en Égypte pour se nourrir eux et leurs bêtes.
Joseph, bien sûr se charge de négocier. « Que savent-ils faire ? »,demande Pharaon, peu soucieux de bousculer l’équilibre économique et social d’une région d’Égypte. « Ils sont éleveurs et gardiens de troupeaux, » répond Joseph. « Seulement cela ? – dit Pharaon -, alors qu’ils s’installent dans la région de l’Est au-delà du dernier bras du Nil. » Une région, pense Pharaon, où aucun égyptien digne de ce nom n’aurait l’idée de s’installer !

L’anecdote a du sens : les bergers symbolisent à la fois le peuple d’Israël et le bas de l’échelle sociale.

Jésus est venu d’abord pour son peuple et les petits de son peuple. 

Les mages, rois, astronomes ou devins, on ne sait pas très bien…Il n’est pas nécessaire d’en donner un portrait trop précis, parce qu’ils
représentent les nations, les étrangers d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Ils apportent les richesses des nations : l’or (le pouvoir des rois), l’encens (le pouvoir religieux) et la myrrhe (ne cherchez pas, elle sera mélangée au vin que Jésus boira sur la croix) !

Ainsi, un Joseph en cache un autre. Le Joseph protecteur de Jésus, amènera son Fils en Égypte, à la suite d’un rêve au cours duquel un ange lui parlera pour qu’il en ressorte un jour… Ainsi, « d’Egypte, j’ai appelé mon Fils » dira le prophète.

En outre, l’ordre des rencontres dit quelque chose de la mission de Jésus. Jésus est d’abord resté parmi les siens, puis il s’est tourné vers les nations…

Il y a trop de coïncidences, en fait, le lecteur d’aujourd’hui est victime de la manière d’écrire de l’époque. Dans un récit de l’enfance d’un grand personnage, le rédacteur s’efforce de démontrer que dès le sein de sa mère, le destin du personnage est scellé et que tout dans son enfance
annonce le grand homme qu’il sera. « J’étais tissé dans le ventre de ma mère que déjà tu avais mis la main sur moi » dit le prophète.

Alors, direz-vous, qu’y-a-il de vrai dans tout cela ?

Au sens de l’historien moderne, pas grand’ chose… mais ces textes répondent à une toute autre approche :

Comment raconter une histoire simple, dont le sens ne se déforme pas avec le temps ?

Comment dire que Jésus, Fils de Dieu, est aussi le transmetteur d’une lignée, d’une histoire et qu’il va avoir le courage de franchir les frontières de sa culture pour s’adresser non seulement à ses contemporains, mais aux générations suivantes, et ceci jusqu’à la fin des temps ?

Vous voyez comme cela devient abstrait et compliqué dès que l’on essaye d’ignorer la prose des Evangiles.      

         Francis LAPIERRE


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N°836  Semaine du  11 au 18 janvier 2017

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