CAHIER D’ESPÉRANCE N°956 « Conférences de Carême 2020»


La Sainte Famille dans l’Humanité : une mère, un père et l’enfant 

En laissant notre regard élargir son champ de vision vers la dimension de famille, on remarque que Jésus a un Père : Dieu, et une mère : Marie. Après avoir donné Dieu comme Père à ses disciples (1), il leur donne, à la Croix, à travers le disciple qu’il aimait (2), sa mère devenue la « Femme », le modèle de l’Église, comme Mère : « Femme voici ton fils …. voici ta mère » (Jn 19, 26 – 27.). C’est donc bien la volonté de Dieu (3) sur l’humanité, dans l’espace-temps de la création, que les êtres humains aient un père et une mère dans l’ordre de la vie  spirituelle, qu’il y ait deux rôles masculin et féminin distincts, tous deux indispensables pour que les êtres  humains grandissent et avancent, en apprenant à aimer, vers la Vie éternelle en Dieu dans l’éternité de Dieu. Or ce qui est vrai au niveau spirituel ne peut que l’être aussi aux niveaux bio-physiologique, psycho-affectif et  social : je maintiens ma vision d’un être humain qui a vocation à être unifié dans tout son être pour son plus grand bonheur.

Je vois une confirmation de ma position lorsque Dieu refuse pour Jésus une famille humaine monoparentale délibérément voulue alors même que Joseph se préparait à se retirer devant Lui pour laisser Marie avec Lui (Mt 1, 18 – 21) ; Dieu donne également un père humain à Jésus dans son humanité : Joseph, l’époux, dans l’humanité, de Marie. On pourrait se demander si ce dernier aspect n’a pas été fait seulement pour satisfaire les données « culturelles » de l’époque. Mais Joseph appartenait bien à la culture du peuple juif de son temps et l’évangéliste nous dit qu’il était « juste » (Mt 1, 19), ajusté à Dieu ; et pourtant il s’apprêtait à laisser Marie humainement seule avec son enfant, même si par ailleurs elle est aussi avec Dieu…

De plus la phrase du chapitre 2 de la Genèse (4) : « il n’est pas bon que l’être humain soit seul ; je veux lui faire une aide qui lui soit assortie, comme en vis-à-vis » est générale pour toute l’humanité de tous les temps dans l’ordre de la vie, de sa transmission et de sa croissance. N’oublions pas que l’être humain, à la fois  masculin et féminin, est placé dans le Jardin à l’image de Dieu, comme un enfant qui doit croître, se développer et grandir dans l’ordre de l’amour, c’est à dire de la vie ; il est appelé à croître ainsi jusqu’à devenir à la pleine ressemblance de Dieu qui est Amour et être  «transporté » de plein pied dans l’éternité de la Vie divine  elle-même et voir Dieu face à face, en vis-à-vis (5). En particulier, il est toujours vrai que pour engendrer la vie dans l’ordre bio-physiologique la nécessité de la rencontre d’un homme et d’une femme (même à travers les seuls gamètes si l’on regarde les capacités technologiques contemporaines) est de tous temps et n’est en aucun cas culturelle. L’homogénéité que je reconnais, dans l’ordre de la vie, entre ce qui se passe entre Dieu et l’humanité d’une part, et ce qui se passe, au sein de l’humanité, entre l’homme et la femme d’autre part,  et entre toutes les dimensions de l’être humain me conduit alors à affirmer la nécessité d’un père et d’une mère pour être enfanté et grandir dans l’ordre de la vie dans tous les plans : bio-physiologique, psycho-affectif,  spirituel et aussi social : l’enfant doit grandir accompagné par un père et une mère pour prendre sa place, être sexué, dans une humanité sexuée.

Il s’agit là, bien sûr, du principe, de la vocation profonde de l’être humain. Dans une humanité blessée, il est évident que l’on fait au mieux selon les événements et qu’il faudrait dire « autant que faire se peut ». Mais cela veut dire alors ne pas créer volontairement, alors que l’on peut faire autrement (6), des situations où il n’y a pas un père et une mère pour enfanter et accompagner l’enfant dans sa croissance humaine dans toutes ses dimensions.

Jean Guichené

1- Mt 6, 9 « Vous donc, priez ainsi : Notre Père qui es dans les cieux, … » (Bible OSTY-TRINQUET – 1973, page 167) 

2- À la suite du Père Thomas KOWALSKI et d’une tradition de l’Église, je tiens que le disciple que Jésus aimait est le symbole de tous les disciples du Christ, de tous temps et de toutes origines.

3- Genèse 2, 18 – Bible OSTY-TRINQUET – 1973 mâtinée d’Ancien Testament Interlinéaire Hébreu-Français – 2007.

C’est la lecture des premiers chapitres de la Genèse que je présente dans l’ouvrage « JARDIN D’ÉDEN : LIEU DU PÉCHÉ ORIGINEL » à paraître (titre probablement pas définitif).

4- Je pense évidemment ici à certains projets de loi et lois qui sont évoqués dans l’espace public.

Semaine du 19 au 26 février 2020

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2020-956