CAHIER D’ESPÉRANCE N°921 «La joie de l’Évangile, un nouveau style» par le Père Dominique Barnérias

Ce qui frappe le plus, lorsqu’on relit, plus de 5 ans après, la première Exhortation apostolique du Pape François, Evangelii Gaudium publiée en novembre 2013, c’est la nouveauté de son style. Il écrit dans un style très direct, il a le sens des formules, il n’hésite pas  à toucher des thèmes sensibles ou laissés de côté habituellement.  De très nombreux thèmes qui seront ensuite développés au cours  du pontificat sont présent ici. Il les lie entre eux comme les thèmes  décisifs d’une réforme de l’Eglise.

C’est bien de cette réforme ou conversion de l’Eglise qu’il s’agit. En ce sens, il nous est proposé de poursuivre et d’approfondir la mise en œuvre du Concile Vatican II qui a marqué aussi la naissance d’un nouveau style magistériel. Cette conversion requise aujourd’hui est nécessaire à la fois de la part de toute l’Eglise et de chaque chrétien, pour qu’il devienne disciple-missionnaire. Le nouveau style littéraire du texte est donc au service d’un nouveau style ecclésial, plus ouvert et dynamique, ce que le Pape appelle «une Eglise en sortie».

Face aux crises récentes de l’Eglise et de la société, cette Exhortation est bien prophétique. Le diagnostic posé sur les maux de l’économie et de la politique rejoignent les cris des «gilets jaunes». Face à la mondialisation de l’indifférence, face à la précarité  quotidienne, le pape invite à une transformation profonde du système, qui remette le pauvre au centre des préoccupations et qui vise son intégration sociale.

Face à la culture de l’abus qui s’est développée dans certains secteurs de l’Eglise, il demande une révision générale des usages et pratiques pour que l’Eglise ne soit pas une douane, mais une maison paternelle. Il demande de sortir du moralisme pour se centrer sur la beauté de l’Evangile, de soigner la prédication pour qu’elle soit comme la parole d’une mère à ses enfants. Son appel est exigeant pour l’Eglise et ses ministres, mais il est source d’une grande joie. Personne ne doit se laisser voler la joie de l’Evangile.

Père Dominique Barnérias



N°921 Semaine du 20 au 27Mars 2019

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