CAHIER D’ESPÉRANCE N°872 “Et le Verbe s’est fait chair,…”

Imaginons un micro trottoir ! « Pour vous, que veut dire Noël ? » Nos contemporains ont, pour la plupart, réduit Noël à une fête de l’enfance, une fête des enfants qui, à cette occasion, vont être inondés de jouets plus ou moins coûteux pour la plus grande satisfaction des fabricants et des  commerçants. Pour ne pas être frustrés, les adultes auront pour eux les marchés de Noël et leur grand bazar ! Pour les marchands du temple, la fête la plus lucrative de l’année ! Même les non chrétiens fêtent Noël ! Même les chinois ! Un côté positif cependant, Noël demeure un moment où les familles aiment toujours autant se retrouver autour d’une table bien garnie, avec en prime pour les familles recomposées, un casse-tête d’organisation !

« Ce moment de joie, d’amitié, de partage continue à être fortement investi. Il n’y a d’ailleurs pas besoin d’être spécifiquement chrétien pour voir qu’une part de notre humanité se joue dans l’accueil de la fragilité d’un nouveau-né. »  J-F Petit*. C’est là une transformation en profondeur du sens de Noël.

Mais pour nous, chrétiens, que signifie Noël ?

« Au commencement était le Verbe […] et le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous… » Nous ne lisons plus beaucoup, dans la liturgie, ce magnifique Prologue de l’Evangile de Jean qui nous donne à contempler le mystère de l’Incarnation, ce don de Dieu aux hommes, que nous allons fêter dans quelques jours à Noël. Jésus, vrai Dieu et vrai homme !

A Noël, Dieu nous rejoint et partage notre vie, dans la faiblesse et dans l’humilité, dans l’abaissement, – à la vie, à la mort, pourrait-on dire.  « Le Christ Jésus […] devenu semblable aux hommes et reconnu homme à son aspect, s’est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu’à mourir et à mourir sur une croix. C’est pourquoi Dieu l’a élevé au-dessus de tout ;… » Ph 2,7-9  La naissance de Jésus ne peut pas être séparée de sa Passion et de sa mort ni de sa Résurrection. Thérèse de Lisieux l’avait bien compris en prenant comme nouveau nom Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face. A Noël, Dieu s’est donné un visage, le visage de la miséricorde de Dieu, qui a été offert à notre contemplation, particulièrement lors de l’Année de la Miséricorde.

Le Verbe, la Parole s’est faite enfant, « infans », c’est-à-dire celui qui ne parle pas. Jésus Enfant nous attend dans la crèche pour signifier que nous sommes appelés avec Lui à devenir fils et filles afin que Dieu soit vraiment Notre Père et que nous participions tous à sa vie éternelle. « Il nous a d’avance destinés à devenir pour Lui des fils par Jésus Christ » Eph 1,5 « Et voici la preuve que vous êtes des fils:Dieu a envoyé l’Esprit de son Fils dans nos cœurs, et cet Esprit crie « Abba ! », c’est-à-dire : Père ! Ainsi tu n’es plus esclave, mais fils, et puisque tu es fils, tu es aussi héritier : c’est l’œuvre de Dieu.» Ga 4, 6-7

« Il est venu parmi les siens et les siens ne l’ont pas reçu. »

A nous de le recevoir. Nous avons à assumer notre nouvelle condition de fils adoptifs,d’héritiers.

Angelus Silesius, un mystique allemand du XVIIe siècle, disait : Christ serait-il né mille fois à Bethléem, s’il n’est pas né en toi, tu restes mort à jamais“. Que Jésus naisse et grandisse en nous pour que nous puissions  incarner dans notre vie la Bonne Nouvelle  du projet de Dieu sur l’homme, son projet d’adoption filiale qui est de rassembler à terme dans l’unité toute l’humanité qu’il a créée à son image.  Qu’ils soient un, Père, comme toi et moi nous sommes un (Jn 17, 21).

*Assomptionniste — Théologien

Françoise Pons


Bilan de la Session Semaines Sociales de France  2017

Quelle Europe voulons-nous ?

Samedi 18 et dimanche 19 novembre, les Semaines Sociales de France, pour leur 92 ème édition, ont cherché à réfléchir sur l’évolution de l’Europe. Elles ont rassemblé 1850 personnes à Paris Event Center (Porte de la Villette). Et 2000 personnes ont suivi cette session  grâce à la Wiki Radio !

De nombreuses conférences ont abordé cette évolution. Ce qui était frappant, c’était le constat d’un temps d’arrêt dans l’histoire de l’Europe et le désir cependant, malgré certains rejets, de continuer à chercher et à construire l’avenir en reliant puissance économique et puissance de nos valeurs, face à la complexité croissante du monde, et donc aux nouveaux défis posés, mais aussi face à l’existence ou à la montée récente d’autres puissances. Mais en respectant nos identités et la dignité de la personne.

Trois thèmes ont été abordés :

  1. L’Europe : promesse, réussites, rejets , espoirs.
  2. L’Europe : les ressour ces de la culture,les attentes des jeunes.
  3. Quelles Europe voulons-nous?

Vous pouvez retrouver les conférences de la Session sur le site des SSF :  ssf-la session.org

Quelques interventions marquantes :

  • Le projet initial de créer la Paix est-il un objectif suffisant pour les jeunes générations.. ?
  • Le monde a fortement changé depuis l’intuition des « pères fondateurs » Trois Papes.(Jean XXIII, Jean-Paul II, François )… .trois âges de l’Europe (Recherche de la paix, réunification des deux Europe , mondialisation ..)
  • En une génération, l’Europe passera de1/6 ème à 1/20 ème de la population mondiale.
  • Aujourd’hui, on doit vivre l’Europe comme une puissance de valeurs. Nous devons travailler avec nos valeurs à influencer le monde. Nos valeurs démocratiques sont la clef de la croissance du bien être et de la paix. Nous devons conserver le sens du projet à long terme. Notre bataille est avant tout une bataille culturelle. Nous avons un véritable défi pédagogique à relever.
  • Devant l’accélération de la mondialisation, la question clef est la perte de nos identités et cette question  est fondamentale. Il faut s’occuper des clivages révélés par le Brexit et l’élection américaine.  L’Europe doit compléter nos identités.
  • Rares sont encore les champions nationaux, nous devons avoir maintenant des champions européens  (Airbus, …)
  • Le futur est dans les liens européens. Il faut aussi « de-Bruxelliser » l’Europe.  Il faut ré-enchanter le projet européen car il est indispensable.
  • Trois époques pour l’Europe sociale :
    • Commission Delors ;   les organisations syndicales travaillaient ensemble. « Mettez-vous d’accord »nous disait-on ou nous allons décider pour vous. 
    • Commission Barroso : une certaine régression sociale. On constate un développement des inégalités : emplois et territoires.
    • Commission Juncker :  un vent frais.
  • Ce qu’il nous faut combattre, c’est le mépris. Ce que j’entends surtout, dit un syndicaliste européen, c’est le désir d’être reconnu, l’importance de la reconnaissance.
  • Les matières sociales sont des matières annexes dans les politiques européennes : elle restent du domaine de la responsabilité des Etats.
    •  Les clauses commerciales sont contraignantes ;
    •  Les clauses sociales et environnementales sont facultatives.
  • L’hospitalité n’est plus une valeur politique. La libre circulation, c’est fini. On voit se construire une Europe forteresse. Des mobilisations de tout genre sont réprimées malgré le désir de solidarité.Le statut de réfugié doit être sanctifié. On joue trop sur la santé des gens.
  • Les disparitions sont terribles : 15 000 en Méditerranée..Mais on oublie les milliers qui ont disparu    dans le Sahara. (chiffre bien supérieur à 15 000)
  • Le plan de re-localisation des migrants de 2015, initialement de 160 000 a été ramené à 100 000.En fait la France s’est engagée pour 28 000 : en réel 4 300 migrants ont été réellement accueillis.
  • L’Europe n’est pas la France en grand…« Made in Europe » au lieu de « Made in France » : pourquoi  pas les deux ?
  • Il faut donner une âme à l’Europe mais cela ne viendra pas d’en haut. Les cultures, au pluriel,  sont importantes.
  • L’Europe a un héritage contraignant : pendant plusieurs décennies, la sécurité a été confiée à l’Amérique. Quand la prospérité était réservée à l’Europe.. On se rend compte que notre abstention dans la sécurité nous rend victimes.
  • Depuis 2015, une prise de conscience se fait jour. Les événements (en particulier le BREXIT et l’élection de Donald Trump) poussent l’Europe à prendre de plus en plus de responsabilités dans le domaine de la sécurité.
  • L’Europe est-elle un marché ou une puissance ? La nature de l’Europe se pose maintenant sur le plan stratégique (Sécurité et Défense).

A ce sujet, plusieurs débats sont ouverts : 

  • Défense et sécurité pour faire quoi ? …..Il manque une politique étrangère commune. La politique d’aide au développement à l’Afrique se présente.
  • Une Défense pour défendre quelles valeurs ?
  • Quel rôle de l’Europe dans le monde ?
  • Le chantier de la Défense est très avancé sur le plan technique mais reste très embryonnaire sur le plan politique.
  • L’Europe connaît une crise eschatologique: elle est comparable à celle de l’Exode des Hébreux,en plein désert, qui se plaignaient (on n’était finalement pas si mal en Egypte !). Le nouveau projet politique doit s’appuyer sur celui de l’inévitable transition énergétique.
  • Seuls deux pays sont aujourd’hui en position de réussir la transition écologique: l’Europe et le Japon.
  • Aujourd’hui, on ne construit pas une Europe fédérale: il y a 28 pays avec 24 langues. Cela entraîne des institutions complexes pour une Europe unie et non uniforme.
  • Ne pas confondre les conséquences et les leçons du BREXIT.
  • Ne pas confondre populisme et sentiment populaire (cf. les personnes qui ont le sentiment d’être  abandonnées).
  • Il faut revenir à l’économie sociale de marché. La démarche a été remise en route à partir de 2011.

Les raisons d’être ensemble :

  •  pour ne pas être sous-traitant de la Chine ou d’autres;
  •  pour relever les défis mondiaux, ce que l’on ne peut pas faire chacun dans son coin.

On doit faire évoluer nos centres d’intérêt et ne pas s’occuper seulement des gens qui parlent trois langues…

Il y a quelque chose qui est lié entre crise et venue de l’Esprit…Nous devons retrouver le goût de la fraternité. Car c’est la fraternité vécue qui fait bouger les cœurs. Comme aussi l’hospitalité. Un don : la joie de la fraternité.

L’écoute des diversités est une urgence. Ayons aussi le courage de la sobriété.

Notes de Jean Guichené, Jean-Claude Plassard et Christian Vignalou


Elle attendait justement un signe(du ciel…)

Deux collègues ont invité Hélène à un parcours Alpha Pro, à deux pas de son bureau.
De son côté, celle-ci était en attente de renouveau personnel.

Hélène travaille comme chef de projet au sein d’une grande entreprisedans le quartier de la Défense. En ce début d’année 2017, elle espèresecrètement reconnecter avec des croyants. La foi engagée et pratiquantede son enfance et de sa jeunesse, elle l’a mise en sourdine à l’époque de sesétudes ; dans cet environnement peu croyant, elle n’a pas trouvé de collectifau sein duquel nourrir et partager sa foi. Et son conjoint n’est pas baptisé.
« Depuis dix ans, je vivais ma spiritualité seule », commente Hélène.Or un chrétien seul est un chrétien en danger ! »
Encouragée par une croix en pendentif
En début d’année, la Francilienne parle de cet isolement à sa responsable, mise en confiance par la croix que celle-ci porte en pendentif.Peu de temps après, une autre collègue* l’interpelle : « Je ne sais pas si tu as entendu parler des parcours Alpha…». L’invitation est lancée ! Hélène la reçoit comme un signe. Elle répond favorablement malgré des difficultés d’organisation, notamment avec sa fille. Plus condensé que le « Classic »,le parcours Alpha Pro est organisé pendant le repas de midi dans Maison
d’Eglise de La Défense, Notre-Dame de Pentecôte.
Hélène y apprécie l’ouverture à tous les types de personnes, issues de tous horizons ainsi que les échanges qui lui permettent d’avancer dans son cheminement. « Quand on a baigné dans la religion chrétienne, il y a des questions qu’on ne s’est pas posées : qui est Dieu ? Eh oui, aussi simple que ça. Ou les raisons objectives qu’on a de croire. Cela nous aide à passer du stade de croire parce qu’on a été élevés comme cela à celui de se forger une conviction personnelle.»
Depuis la fin du parcours en juillet 2017, Hélène a retrouvé l’envie de prendre sa foi en main. Elle passe ainsi davantage de temps en prière. Elle cherche un groupe de prière près de chez elle dans le Val-de-Marne ou à la Défense : « Je ne veux pas aller juste à la messe. Je voudrais aussi m’engager ! ». Cela tombe bien car on lui propose de rejoindre l’équipe d’organisation du prochain parcours à La Défense…
Joël Reymond
* Pour la petite histoire, la collègue invitante n’est autre qu’Agnès, à laquelle nous avons consacré un article « Sa foi la travaille », dans AlphaMag #1/2015.
Un témoignage de plus de l’effet multiplicateur des parcours.



N°872 Semaine du  20 décembre 2017 au 10 janvier 2018

Vous pouvez télécharger le Cahier d’Espérance N°872 au format PDF : 2017 – 872