CAHIER D’ESPÉRANCE N°854: «Sainte Teresa de Calcutta»

Le 4 septembre 2016, pendant le Jubilé de la miséricorde,le pape François canonisait Mère Teresa.

Agnès Gonxha Bojaxhiu, née à Skopje le 26 août 1910 de parents albanais, postulante à 18 ans chez les sœurs de Notre-Dame de Lorette, fut envoyée en Inde pour y commencer sonnoviciat. En 1931, elle prononça des vœux temporaires et devint sœur Teresa, choisissant de porter le prénom de la petite Thérèse de Lisieux qu’elle aimait particulièrement car elle faisait des choses ordinaires avec un amour extraordinaire.

A l’âge de 36 ans, le 10 septembre 1946, alors qu’elle se rendait en train de Calcutta à Darjeeling pour sa retraite annuelle, elle entendit Jésus lui dire J’ai soif. Jésus lui fit sentir sa soif immense d’amour pour les âmes et l’appela à tout quitter pour le suivre dans les bidonvilles.

Cet “appel dans l’appel” était considéré par Mère Teresa comme la naissance des Missionnaires de la Charité, le but des Missionnaires de la Charité étant d’étancher la soif de Jésus. Les moyens utilisés par les Missionnaires de la Charité sont la contemplation de Jésus caché dans le pain Eucharistique et dans les plus pauvres d’entre les pauvres, ainsi que les œuvres de miséricorde.

Prix Nobel de la paix en 1979, figure de l’engagement auprès des plus pauvres, icône de la compassion, Mère Teresa rayonnait de la joie du don, bien qu’elle vécut une nuit de la foi et d’aridité dans sa vie spirituelle. Solidaire de la pauvreté spirituelle de son siècle, elle est une lumière pour notre monde d’aujourd’hui.

Venez découvrir, jeudi 8 juin à NDP, comment la foi profonde de Ste Teresa de Calcutta fut le moteur de son action en entrant dans sa spiritualité et sa nuit obscure.

“Si jamais je devenais sainte – je serai certainement une sainte des “ténèbres”. Je serai continuellement absente du Ciel – pour allumer la lumière de ceux qui sont dans les ténèbres sur la terre.” Sainte Teresa de Calcutta.

Père Philippe Pignel et Isabelle Leblanc-Esparza

Livres recommandés sur Mère Teresa:

« Viens, sois Ma lumière » Les écrits intimes de la “sainte de Calcutta” en Livre de Poche

« Quand l’amour est là, Dieu est là » –  Edition Parole et Silence –

Pour cheminer vers une union  plus intime avec Dieu et un plus grand amour des autres (disponible aussi en live lu)

« Ma vie avec sainte Teresa »de sœur Marie (Missionnaire de la charité)

Voir sur le site de la Procure :

http://www.laprocure.com/vie-avec-sainte-teresa-marie/9782227489349.html


Image1  5ème Conférence de Carême

le jeudi 30 mars 2017

              par le Père Xavier CHAVANE, Curé des Mureaux*.

 LA CONFIANCE DANS LES RELATIONS INTERRELIGIEUSES ?

(2ère Partie – Voir la première partie dans le Cahier 853)

ET LE CONCILE VATICAN II

Quant aux Pères du Concile, ils ont cherché à articuler dialogue et mission. Pour cela, ils se sont appuyés sur les écrits de musulmans convertis au christianisme et sur les propos d’Evêques orientaux vivant au milieu de populations majoritairement musulmanes.

L’Islam est alors regardé comme une préparation pour accueillir le salut en Jésus-Christ.

Aussi les textes du Concile ne citent jamais Mahomet, ni le Coran, mais ils insistent sur les valeurs qui habitent le cœur des musulmans comme la vénération de la Vierge Marie, la foi en un Dieu unique ou encore la reconnaissance de Jésus comme prophète, enfin des points de rencontre où chrétiens et musulmans peuvent se retrouver au service de la justice et de la paix.

Ces réflexions peuvent constituer des points de départ en vue d’échanges fructueux.

COMMENT ESSAYONS-NOUS DE VIVRE CELA EN VALLEE DE LA SEINE ?

La formation est un axe essentiel. Aujourd’hui l’Islam reste peu connu des disciples du Christ, dans sa théologie, ses courants et son incroyable diversité. En général, on connaît le conflit entre chiites et sunnites. Ce conflit, qui remonte aux premiers temps de l’Islam pour la désignation du successeur (calife) de Mohamed, est une des clefs pour comprendre les conflits d’aujourd’hui et la dégradation des conditions de vie au Moyen-Orient, au Pakistan et en Afghanistan. Le différend est avant tout théologique. 

On connait moins le wahhabisme, le courant sunnite le plus hostile aux chrétiens et à tous ceux qui ne pratiquent pas l’Islam tel qu’il le définit. C’est l’Islam présent au Qatar, en Arabie Saoudite, il est missionnaire : 4.000 missionnaires sont formés chaque année à Médine et à La Mecque . Ils sont ensuite envoyés, partout dans le monde, répandre cet Islam pur et dur. Le wahabisme exerce une influence certaine dans les cités populaires en France, où vivent une majorité de musulmans. 

Le salafisme – la Salafiya est la foi des pieux ancêtres – est un courant intégriste issu du wahhabisme. Ils se présentent à leur tour comme les seuls musulmans dignes de ce nom et considèrent tous ceux qui ne les rejoignent pas dans leur pratique rigoriste comme “kouffar” (mécréants). Si la plupart des salafistes sont piétistes, certains deviennent “djihadistes” et sont en guerre contre tous ceux qui ne pensent pas comme eux. Aujourd’hui Daesh, et avant Al Qaïda, s’inscrivent dans cette mouvance. Leurs principales victimes sont  les musulmans qui ne pensent pas comme eux, et surtout qui s’opposent à eux. Les chrétiens d’Orient sont ensuite leur cible et les musulmans qui ont peur d’eux n’arrivent pas à les protéger contre leur violence.

Existent aussi d’autres courants, liés aux diffrérentes écoles juridiques de l’Islam sunnite (malékisme, hanafisme, shaffiisme), celui des réformateurs liés  au courant mutazilite (théologiens des  premiers siècles, puis des philosophes tel Averroès), celui lié à la mystique musulmane, le soufisme qu’a beaucoup étudié, entre autres, Louis Massignon et les promoteurs chrétiens du dialogue islamo-chrétien. Bref l’Islam est très, très divers…

La religion musulmane présente une faiblesse structurelle car il n’y a pas de parole d’autorité qui s’imposerait à tous. L’absence de magistère fait qu’aujourd’hui les courants les plus rigoristes et barbares, bénéficiant de la manne du pétrole et du gaz présents dans le sous-sol des pays wahhabites, sont ceux aussi qui prospèrent de la façon la plus significative.

Souvenons-nous que le Pape François a écrit « une adéquate interprétation du Coran s’oppose à toute violence. » (La Joie de l’Evangile, 252-253). Mais qui définit cette adéquate interprétation du Coran ?  La question est posée à nos amis musulmans sunnites. 

Les chrétiens ont donc à se former, pas seulement à la connaissance de l’Islam, mais aussi et d’abord à la connaissance de leur propre religion.

Le livre « Je ne rougis pas de l’Evangile » est né de l’expression d’un malaise exprimé par e jeunes confirmands dans les lettres adressées à leur évêque. Ces jeunes écrivaient leur difficulté à vivre leur foi, notamment au Lycée…

C’est en se réappropriant les mystères de la foi que les chrétiens entrent en relation avec Dieu. Ce que l’homme ne pouvait penser par lui-même, ce que l’homme ne pouvait imaginer par lui-même, Dieu, lui-même, le lui a fait connaître à travers Jésus-Christ. C’est ce qu’exprime Saint Paul notamment dans sa première Lettre aux Corinthiens. 

Enfin il nous faut à la suite du Christ aller à la rencontre afin de nouer des liens de fraternité ou d’amitié :

Aux Mureaux, communauté chrétienne et communauté musulmane vivent aussi l’amitié. En effet Jésus s’est fait l’un d’entre nous, afin de s’adresser à nous d’homme à homme, c’est pourquoi le disciple du Christ, décidé à rencontrer l’autre, doit entrer dans une relation de confiance et d’amitié.

Les communautés partagent également des actions en faveur des plus démunis :

Depuis 15 ans à Mantes-la-Jolie, 10 ans à Sartrouville, 8 ans aux Mureaux, 4 ans à Plaisir, chrétiens et musulmans collectent ensemble au profit des Restos du Cœur ou de la Banque Alimentaire. Cela mobilise à chaque fois plusieurs dizaines de chrétiens et de musulmans qui font ainsi connaissance au cours d’une bonne œuvre.

Cette solidarité se retrouve aussi souvent dans l’accompagnement de familles en difficulté,dans l’aide aux devoirs aux enfants ou jeunes des cités, dans le soutien aux sans-papiers.

Nous apprenons à nous connaître aussi lors de rencontres interreligieuses autour de thèmes aussi divers que : la Miséricorde Divine, Marie, la pratique du pèlerinage, du jeûne, de la prière,la citoyenneté, la laïcité,…

Ce sont souvent des conférences à deux voix (l’une présente le point de vue musulman, l’autre le point de vue chrétien) suivi d’un temps long d’échange avec le public. Ce qui peut rassembler jusqu’à 200 personnes, notamment beaucoup de jeunes adultes musulmans.

Nous engageons nos communautés à vivre de vraies expériences de solidarité avec les chrétiens d’Orient. Grâce à l’Œuvre d’Orient, des expositions et des conférences ont été organisées, mais aussi aujourd’hui 35 paroisses des Yvelines sont engagées dans une expérience d’accueil d’une ou deuxfamilles chrétiennes réfugiées d’Irak ou de Syrie.

Il n’est pas rare non plus que nos paroisses soient amenées à accompagner un couple islamo-chrétien. Nous essayons alors de travailler en lien avec la GFIC, groupe de foyers islamo-chrétiens de la région parisienne qui rassemble ces couples et, qui par une expérience de prière, de partage et de dialogue, les amène à se poser toutes les questions à ne pas éviter pour fonder une histoire d’amour solide. En 2007, une religieuse qui accompagnait ces couples depuis plus de 30 ans, me disait que sur la centaine de couples avec qui elle était en lien, un seul divorce s’est vécu.

Face aux attentats terroristes, communautés chrétiennes et musulmanes ont souvent fait bloc pour réagir ensemble, soit par des communiqués, soit par des marches communes, manifestant notre unité et notre fraternité contre ceux qui tentent de nous diviser et de nous opposer par des actes barbares.

Beaucoup reste à faire et tout n’a pas été dit, mais nous espérons que ces quelques repères aideront à faire résonner en nous la parole du Christ : « N’ayez pas peur ! » et à mettre nos pas dans ceux du Bienheureux Charles de Foucauld, des moines de Tibhirine, de Mgr Pierre Claverie et de tous les autres témoins du Christ qui nous montrent le chemin de la fraternité universelle et Sa source : la Croix du Seigneur.

Notes de Anne Plauchu


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N°854 Semaine du 7 au 14 juin 2017

Vous pouvez télécharger le Cahier d’Espérance N°854 au format PDF : 2017 – 854