Cahier d’Espérance n° 801 : «3ème Conférence de Carême : Justice et médias»

Justice et médias

Reporters d’Espoirs ou le journalisme constructif

De l’importance de l’investigation journalistique

Le J’accuse d’Emile Zola marque un tournant dans les rapports de la presse avec la Justice. En s’insurgeant contre les dysfonctionnements d’une justice militaire qui fait condamner Dreyfus (un innocent), Zola journaliste se positionne à la fois comme avocat et comme accusateur public. Dreyfus est réhabilité ; Zola acquiert une stature de justicier, et avec lui, la presse s’impose comme contre-pouvoir.

Le jugement des journalistes n’est pas infaillible pour autant. On regrettera parfois la hâte des censeurs, l’incompatibilité des temps médiatiques et judiciaires, ou la confusion entre présomption d’innocence et de culpabilité. On pourra alors invoquer qu’il appartient “à la justice de juger, aux médias d’informer”… et qu’après tout, chacun son rôle !

Mais ce serait faire peu de cas de l’utilité de l’investigation journalistique, de l’enquête et de la contre-enquête extrajudiciaires. Lorsque le journaliste Denis Robert investigue sur “l’affaire Clearstream”, il fait l’objet de plusieurs dizaines de procédures judiciaires. Combat long (une décennie), inégal (nombre de ses confrères le conspuent comme Zola en son temps), difficile et douloureux. Mais victorieux : il lui sera rendu justice au nom de “l’intérêt supérieur” que constitue le devoir “d’informer le public sur un sujet d’intérêt général”.

De la justice à la justesse

Au-delà du rapport des médias à la justice institutionnalisée (dont la vocation est de faire respecter la loi), on peut mettre en question la manière de traiter l’information. Les médias traitent-ils des faits avec justice – ou avec justesse, et dans la complexité? Peuvent-ils proposer des analyses objectives et exhaustives ?

Ces questionnements rejoignent ceux du “journalisme constructif”, examiné et expérimenté par Reporters d’Espoirs 1.

Son postulat : l’attirance des médias pour la catastrophe risque de générer résignation apprise, fatigue d’impuissance et démobilisation.

Sa proposition : refléter la complexité du monde, en traitant les dysfonctionnements au même titre que la capacité des populations à trouver des réponses, à faire preuve de résilience et de créativité.

Son constat : cette démarche suscite un intérêt croissant de la part des journalistes, sous l’effet de “la” crise (globale et de la presse) et du négativisme qui atteint les citoyens, journalistes compris.

Il arrive aux médias de faire alliance avec la justice ou, au contraire, de la défier, de vouloir se substituer à elle. Il peut aussi leur arriver de rendre justice, à ceux qui souffrent, qui créent, qui œuvrent au bien commun. C’est la proposition du journalisme constructif, qui veut refléter “le couple opportunités-menaces propre à toute dynamique de vie 2 “. 

                                                                 Gilles Vanderpooten 

                            Journaliste, Directeur de l’association Reporters d’Espoirs

NOTES

  1. Association loi 1901 reconnue d’intérêt général, agissant depuis 2004 “pour une info qui donne envie d’agir”. Partie de France, elle a essaimé à l’International, faisant des émules en Europe et aux USA au cours des trois dernières années.
  1. Laurent de Chérisey, cofondateur de Reporters d’Espoirs.

    rembrandt       A qui pensait Rembrandt ?

Symbole de la Miséricorde et du Pardon, cette peinture montrant les deux mains appuyées du père accueillant son fils : Quel magnifique hommage à la bonté divine !

Mais à qui pensait Rembrandt en nous peignant l’attitude du père ?

Nous avons, sans doute, de lui une image statique : Il est là bras ouverts. Mais peut être est-ce, lui aussi,  à la suite d’un long chemin intérieur …

La parabole décrit amplement le chemin du fils. Tous, nous le connaissons. Il nous parle ce chemin : désir d’argent, d’être son maître, voyages, plaisirs divers, insouciance du lendemain,..et puis soudain, après une certaine errance qui creuse l’humilité, le moment de vérité et la décision de revenir chez son père. Pas facile ce retour.

Mais le chemin du père ?  Pas facile non plus ce chemin. Il voulait développer son exploitation ; il doit en vendre maintenant une bonne partie et vite. Et la donner à un fils dont il connait les penchants dépensiers. Sans espoir de retour, voir son fils s’éloigner, le perdre …Et puis rester sans nouvelles. Passer de la dureté ressentie, de l’abandon souffert à la sérénité due à l’absence…Peut être ..!

   Accepter ce départ sans jugement destructeur de l’amour. Accepter sans trop murmurer, le jugement des autres, des amis, de son entourage,. un dur chemin. Se plonger sans doute dans la méditation de la faiblesse humaine et de son propre échec dans la transmission des « valeurs ». Pas facile pour un père établi et dont le premier fils, resté fidèle, lui rappelle sans cesse l’existence lointaine du second. En parler sans doute aussi avec ses ouvriers. Puisque l’on reste un patron dans cette tourmente financière et familiale. Et puis espérer de longues journées…de long mois.

En l’habillant comme un propriétaire d’un certain rang, en l’entourant d’amis et d’un serviteur, Rembrandt pense-t-il à sa propre histoire ? (bien que son fils Titus ne lui ai pas joué ce tour  ).. Fils d’un meunier aisé, ayant été très tôt en apprentissage, nourri de     l’Ecriture, ayant perdu sa première femme, Saskia, qu’il aimait tendrement et qui avait été souvent un modèle admiré, chargé maintenant de l’éducation de son fils, aidé par une jeune servante de 25 ans, accusé par le conseil de l’église de son temps de liaison avec elle, déclaré en faillite et voir sa maison, son atelier vendus, ses collections dispersées, recommençant, tout en peignant, un autre commerce, ..Rembrandt a dû, lui aussi, méditer sur la condition humaine, sur les jugements dévastateurs, sur la solitude créée par l’abandon, sur l’opulence et la pauvreté, sur le bonheur et la perte.

Et dans les dernière années de sa vie, dans cette admirable peinture des mondes intérieurs, dans des clairs obscurs si renommés, Rembrandt ne nous décrit-il pas son propre chemin intérieur ?

Que cherchait-il ?  La miséricorde des hommes ?  Celle de sa ville, ou celle de Dieu dans un monde profondément religieux ? A qui pensait Rembrandt ? Au fils prodigue ou à la difficulté d’être père ?

 A qui penserait Rembrandt, aujourd’hui, dans notre monde ? Sans doute au retournement de la vie. Il y a  avant et après ce départ. Partir avec une bonne partie de l’argent familial (héritage,.. ? ), peut-être créer une entreprise et faire faillite, émigrer dans l’espoir de recommencer, de vivre en  liberté,  loin de ses parents ou de ses premières attaches, risquer l’étranger ou au contraire dépenser, jouir de la vie sans vraiment travailler tout en donnant le change de loin…

Et, pour les parents, attendre des nouvelles…Après avoir beaucoup jugé, critiqué sans doute…s’armer de patience. Mais aussi accepter le chemin, les chemins de l’autre.
Faire soi-même un long chemin d’attente…Et si le retour s’annonçait ?

« Heureux les miséricordieux… » Non pas heureux, d’abord, parce que je suis pardonné… Mais heureux celui qui s’est construit au long des jours, des événements, des souffrances et des joies, un regard miséricordieux, une force de miséricorde.

Heureux celui qui regarde le monde avec des yeux bienveillants, patients.

Heureux celui qui suscite, qui encourage, qui admire ce désir de création, de liberté de l’autre.
Heureux celui qui sait revenir, écouter et changer enfin d’avis, et même pardonner.

Avec son cœur. Mais aussi à pleines mains. Comme ce père de Rembrandt.

 Alors, seulement, comme nous le dit le Christ, « il lui sera fait miséricorde »

Christian Vignalou


Les catéchumènes de Notre Dame de Pentecôte

En ce temps du Carême, les catéchumènes vivent des étapes importantes de leur chemin vers le Baptême.

Samedi dernier, à la cathédrale de Nanterre, 185  adultes ont été appelés par l’Evêque, journée dite de l’APPEL DECISIF.

cathéchumenes« Une journée pleine d’émotions et de rencontres provenant de tout horizon et de tout milieu ».

« Etre appelés. Tel est le sens de ce que nous avons vécu samedi à la cathédrale de Nanterre »

Mercredi prochain, 24 Février, au cours de la messe à Notre Dame de Pentecôte, Bruno, Lionel et Olivia célèbreront cette démarche appelée scrutin, expression du psaume 138 :  « Scrute-moi mon Dieu, tu sauras ma pensée… ».

Deux autres scrutins seront célébrés au cours de la messe, le 6 Mars à Ste Mathilde de Puteaux, et le 9 Mars à Notre Dame de Pentecôte.

Trois Evangiles sont choisis révélant le sens de ces scrutins : la Samaritaine, l’Aveugle-né et la Résurrection de Lazare.

Par notre présence et notre prière, nous sommes appelés à accompagner ces futurs baptisés.

L’équipe du Catéchuménat


Grace à votre générosité, le Mercredi des Cendres,nous avons pu donner 1500 euros au CCFD -Terre Solidaire et 1500 euros à l’Œuvre d’Orient


N°801 Semaine du 24 février au 02 mars 2016

Vous  pouvez télécharger le Cahier d’Espérance N°801 au format PDF : 2016 – 801