CAHIER D’ESPÉRANCE N°906 : «De l’intérêt des relations authentiques en entreprise »

CONFÉRENCE jeudi 22/11/18 à 12h45 

Mieux vivre mes relations professionnelles 

par Chantal Verzaux – Consultante en RH et Coach

De l’intérêt des relations authentiques en entreprise

Dire que les relations en entreprise sont de plus en plus difficiles est devenu de nos jours une tautologie !

De quoi s’agit-il exactement ? A la lumière de notre expérience avec les entreprises ainsi que les demandeurs d’emploi au Groupe de Recherche d’Emploi de la Défense et les salariés qui viennent au groupe de parole « Souffrance au travail », nous constatons chez les salariés un fort sentiment d’une non-prise en compte de l’humain, de paroles blessantes qui mettent certaines personnes dans un désarroi intérieur profond jusqu’à perdre confiance en eux et dans leurs capacités. Une absence d’écoute qui se traduit par un manque de respect, une non-prise en compte de l’humain qui engendre une déshumanisation des rapports en entreprise est devenu un fait assez commun, comme si nous ne pouvions rien faire.

Aujourd’hui un manager qui veut faire correctement son métier d’encadrant n’en a pas toujours le temps. Il frise même la schizophrénie dans un système où le discours est toujours tourné vers l’humain (ne serait-ce que par la nécessaire prise en compte des risques psycho-sociaux) alors que la réalité, faite de l’automatisation et de la numérisation des process, le ramène sans arrêt à une réactivité croissante, une urgence permanente qui ne facilite pas la prise en compte et la gestion de l’humain en entreprise.

Et pourtant, les exemples abondent concernant les entreprises qui mettent en œuvre des relations humaines authentiques, c’est-à-dire basée sur le respect, la confiance, la prise en compte de la faillibilité de l’être humain, gage de sa grande créativité. Les personnels qui évoluent dans une telle atmosphère osent davantage, font preuve de solidarité en cas de coup dur, sont plus épanouis et ont une vraie capacité à réguler les tensions relationnelles. Ils ont conscience de leurs propres responsabilités dans ces conflits inhérents aux relations humaines, et s’ils ont conscience d’être une partie du problème, ils sont également une partie de la solution. Cela génère chez eux un sentiment de pouvoir agir sur les process tant techniques qu’humains. Chez les demandeurs d’emploi que nous accompagnons, nous constatons une perte d’autonomie face aux problèmes humains, un sentiment d’impuissance, une perte de confiance en eux. Nous leur permettons de vivre une expérience relationnelle (en tête à tête et en groupe) dans laquelle ils peuvent retrouver une place,  une latitude, la possibilité d’être davantage acteur du processus relationnel. C’est le prérequis indispensable pour avoir des salariés (et des citoyens) à même d’influer positivement sur le cours des choses. Ils en retirent alors une conscience plus grande de leur valeur intrinsèque, une plus grande estime d’eux-mêmes. Ils ont conscience d’être des hommes debout. Vaste programme, certes et c’est pourtant le chemin indispensable pour retrouver des salariés adultes, autonomes, à même d’affronter les incertitudes d’un monde globalisé de plus en plus difficile à prévoir.

Chantal Verzaux & Alain Troussard


LA TRANSFORMATION NUMERIQUE : RISQUES ET OPPORTUNITES          

Conférence du Général d’Armée Marc Watin-Augouard

à Notre-Dame de Pentecôte le jeudi 17 mai 2018.

Nous sommes aujourd’hui en pleine transformation numérique, nous vivons une révolution comparable à celle de la vapeur ou du nucléaire.

Cette métamorphose actuelle peut être définie comme la capacité de tout transformer en 0.1., ainsi qu’à recevoir, traiter, stocker et envoyer des données.

SECURITAIRES ET LIBERTAIRES

Le monde est aujourd’hui tiraillé entre deux pôles : SECURITE ET LIBERTE.

Les défenseurs de la liberté sont les fondateurs, garants de l’utopie qui rêvent d’un monde sans contrainte, ni gouvernement, d’un monde s’autorégulant. Alors que pour les « sécuritaires », il est nécessaire de réguler ce monde aux milliards de données.

En évoluant, la structure du réseau est allée vers plus de sécurité. Nous sommes en effet passés d’un réseau centralisé à un réseau décentralisé, avant de mettre en place, sous l’impulsion de Paul Baran, un système distributif maillé, avec transmission de données par paquets. Cette toile est conçue pour éviter qu’un trou n’empêche le fonctionnement : l’information continue à circuler.

Les « libertaires » s’opposaient à la culture américaine, il y avait parmi eux des militaires refusant la guerre du Viet Nam, des universitaires, des opérateurs Télécom… Dans les années 60, on a vu jusqu’à 750 000 jeunes « néocommunalistes »vivre en communautés hippies…

Quatre Universités ont été les premières à se mettre en réseau, dont Stanford, Salt Lake City…

Avec Louis Pouzin, la France crée en 1971 le projet Cyclades, réseau d’Universités, regroupant notamment Paris, Saclay, Grenoble…L’objectif était de créer un réseau global de télécommunication ou protocole réseau, utilisant la commutation de paquets ou datagrammes.

QUESTIONS DE DEVELOPPEMENT

A cause notamment du Minitel, la France a perdu 30 ans.

Avec le numérique, nous sommes dans le non perceptible, l’infiniment rapide, l’infiniment grand et l’infiniment petit. Alors que nous sommes habitués par ailleurs aux progressions linéaires, ici les progressions sont géométriques et exponentielles, c’est-à-dire que chaque jour l’évolution s’accélère.

En 1969, il y avait 4 machines connectées et en 2030, il y en aura 1000 milliards. Depuis 2008, le nombre de machines connectées a dépassé le nombre d’habitants sur la terre.

On peut légitimement se demander quelle est la place de l’être humain dans ce contexte, sachant que les ordinateurs sont de plus en plus intelligents…

Face aux USA et à la Chine, il s’agit d’une ambition politique majeure pour la France et pour l’Europe.

Notons qu’en 2017, 3% des contenus Internet étaient francophones et qu’il y en aura 8% en 2050, à cause de l’Afrique francophone.

L’ordinateur quantique est un enjeu majeur. Les Chinois ont pris de l’avance, les Français s’impliquent désormais.

PRINCIPAUX LEVIERS DE LA TRANSFORMATION NUMERIQUE

– Le stockage ou cloud computing

– Les méga données ou big data

– L’analyse prédictive (IA)

– Les systèmes connectés : domotique, immotique, smart grid (réseau électrique intelligent), infrastructures intelligentes, marétique (navigation intelligente), usine 4.0 (intégration des technologies numériques dans les processus de fabrication)…Il faut savoir que 95% des sites étant hébergés aux USA, les américains savent tout de nous.

–  La réalité augmentée : injection dans notre champ de vision des images non réelles ou hologrammes. La question est de savoir à quel moment je vais confondre le réel et le virtuel

– La robolution ou mise en place de robots capables d’apprendre ou encore API : Automates Programmés Industriels. Mais à quel moment le robot devient-il autonome ? Et de quel droit relève le robot ? Quelles sont ses éventuelles responsabilités ?

–  NBIC : Nanotechnologies,biotechnologies et sciences cognitives : champ multidisciplinaire qui croise   l’infiniment petit (N), le vivant (B), les machines pensantes (I) et l’étude du cerveau humain (C). Par exemple, le stockage sur ADN synthétique relève des NBIC.

–  Les transhumanismes : l’homme-robot rejoint le robot-homme et ces évolutions posent des questions existentielles. Dans ce domaine, il faut que les chrétiens aient une offre en termes de discours et de comportement…

Dans ce monde hyperconnecté, on assiste à l’explosion du « machine à machine » (M to M) qui devient parfois M contre M.

IMPACTS DE LA TRANSFORMATION NUMERIQUE 

Elle vient bousculer la définition classique de l’Etat, détruit des emplois, notamment en développant l’e-commerce. Or, comme l’affirmait Schumpeter, dans ce domaine, la destruction va plus vite que la reconstruction. Parallèlement, un million d’emplois dans le numérique en Europe ne seront pas pourvus.

PROTECTION DES DONNEES PERSONNELLES

Les données à caractère personnel constituent un trésor et représentent un enjeu stratégique. Afin d’assurer la protection de ces données, le règlement UE 2016/679 a été pensé par le Parlement européen comme futur règlement ou « e-Privacy » et concerne l’identité numérique.

Le 25/05/18, ce règlement entre en vigueur. C’est un règlement européen qui s’impose non seulement à tous les états membres, mais aussi aux partenaires européens extérieurs qui veulent travailler sur nos données.

Quant à l’« e-Privacy », il entrera pleinement en vigueur à l’automne 2018.

Son objectif est triple :

  • Renforcer le droit des personnes
  • Responsabiliser les acteurs
  • Améliorer l’efficacité des CNIL.

Désormais la notion de sécurité, sera prise en compte dès la conception d’un système. Il faut notamment limiter au maximum le nombre de données traitées.

Il y a désormais obligation de traiter de manière loyale et transparente les données. Encore faudrait-il savoir qui contrôle les algorythmes. Tout profilage doit maintenant donner lieu à une information.

Dans l’espace numérique, il faut distinguer 3 couches :

  • La couche matérielle
  • La couche logique
  • La couche sémantique (pages web, mails…). C’est elle qui porte le sens. C’est via cette couche qu’il est possible de prendre la maitrise de nos cerveaux. Serons-nous toujours libres ?

Dans ce contexte, il y a un discernement critique à avoir, face aux risques évidents de manipulation.

DES REPONSES

Il n’y a pas de raison d’avoir peur, à condition que nous soyons capables de remettre en place des principes fondamentaux :

  • La confiance
  • La loyauté
  • La solidarité : nous vivons dans un désert surpeuplé d’individus seuls. Il faut renouveler les territoires pour vivre ensemble dans des espaces à taille humaine
  • La responsabilité de chacun
  • La bienveillance qui s’oppose aux insultes, harcèlement, diffamation.

Notes d’Anne Plauchu


 

N°906 Semaine du 21 au 28 Novembre 2018

Vous pouvez télécharger le Cahier d’Espérance N°906au format PDF:  2018 – 906