CAHIER D’ESPÉRANCE N°891 «UNE BOUSSOLE SUR NOS CHEMINS DE VIE:LA PAROLE DE DIEU»

Les Conférences de Carême 2018 sur le thème « Vie spirituelle et quête de sens » nous ont permis d’accueillir des spiritualités diverses, afin de donner sens à nos vies d’hommes et de femmes, dans notre monde,aujourd’hui. Je crois pouvoir dire que la Parole de Dieu est au cœur des ces différents chemins spirituels et les éclaire.

Nous voici donc appelés, à nous renouveler dans l’écoute, l’accueil de cette Parole de Dieu, Parole vivante, nourriture pour nos existences.

Osons dire que la Parole de Dieu se goûte, se rumine, se laisse accueillir à la fois dans le désert de nos vies et au cœur des multiples
activités qui emplissent nos journées. Puissions-nous, chacun à notre manière, trouver nos espaces de désert, prendre du temps pour Dieu.
Nous percevrons alors que Dieu prend du temps pour nous, qu’il est proche de nous.

Laissons-nous habiter par cette Parole de Dieu proclamée le Dimanche aux dimensions du monde. Laissons jaillir de nos mémoires un Psaume,un texte  de l’Ecriture qui peut éclairer notre quotidien. Contemplons la vie du Christ semée d’échanges avec son Père, afin d’entrer encore plus en communion avec Lui et ainsi  lui présenter les besoins des hommes et ceux  de toute la création.

Saint Luc nous invite à entendre ce que le Christ nous dit lui-même: «C’est aujourd’hui que cette Parole s’accomplit » Lc 4,21  C’est, en ce jour, que nous sommes appelés à contempler dans la vie des frères, la bonté, l’amour de Dieu, son attitude de miséricorde, de pardon. Soyons des explorateurs de l’Evangile afin de mieux découvrir les « Béatitudes» annoncées par le Christ lui-même.

Que nos regards puissent atteindre l’invisible de ce mystère de Dieu, amour présent sur nos chemins de vie. Il s’agit de reconnaître l’action de l’Esprit par le cœur, afin d’entrer dans le regard de Dieu : « Il n’y a qu’une manière de regarder le monde qui soit exacte : le regard que Dieu lui-même porte sur le monde ». Cardinal John Henry NEWMAN

N’est-ce pas en faisant  nôtre aujourd’hui la Parole de Dieuen la confrontant à nos existences, que peu à peu nous pourrons adopter les attitudes du Christ et avancer sur le chemin de la sainteté,chemin sur lequel le Pape François nous invite à nouveau. « Laisse la grâce de ton Baptême porter du fruit dans un cheminement de sainteté ». Exhortation apostolique du pape François : « Soyez dans la joie et l’allégresse ».

Que la Parole de Dieu, message de vie, soit notre guide, sur les chemins que nous traçons par nos choix d’existence.

Blanche Legendre, religieuse, membre de l’EAP


5°Conférence de Carême à Notre Dame de Pentecôte – 15 mars 2018
QUELLE VIE SPIRITUELLE A LA DÉFENSE, TOUR DE BABEL?  

par Charlotte JOUSSEAUME

Écrivain, animatrice d’ateliers et fondatrice de Plume de Linotte.

Chroniqueuse à Aime et à La Vie.

(Suite et fin)

 Maurice Zundel, grand mystique Suisse du XXème siècle a connu l’errance. Pendant la seconde guerre mondiale, il était aumônier dans le couvent des Carmélites du Caire. L’annonce de l’explosion des bombes atomiques à Hiroshima et à Nagasaki a été un choc profond pour lui : comment l’humanité a t-elle pu chercher au cœur de la matière une telle puissance de mort et une telle arme de destruction massive ? Durant trois mois, il s’arrête, il se retire, il fait silence, il honore la mémoire de tous les morts, un à un. De chaque personne partie en cendres dans la masse.

Maurice Zundel avait en effet un sens et un respect profonds de la personne humaine, comme des trois Personnes divines. Car qu’est-ce qu’une personne ? Ce n’est pas un personnage, tenant un rôle, une fonction. Pour Maurice Zundel, toute personne a une intériorité, et elle est une caisse de résonance. Toute personne est une capacité d’accueil, où résonnent l’univers, les événements de sa vie et les personnes rencontrées. Toute personne a sa musique intérieure propre, que nous entendons dans sa voix.

Dans la foule et dans nos équipes, nous sommes appelés à laisser chaque personne jouer de sa musique intérieure propre. Nous ne sommes pas seulement appelés à nous cimenter dans la cohésion d’équipe, mais bien à devenir une assemblée de personnes.

IV VIVONS-NOUS NOTRE PROPRE VOCATION, OU DES VIES DISPERSEES ?

Très souvent, nous ne trouvons plus notre place. Nous nous dispersons dans un quotidien professionnel qui perd son sens, car il ne répond plus à notre vocation profonde. Autrefois, le monde professionnel raisonnait en termes de vocation, de carrière. Aujourd’hui, nous parlons de parcours professionnels, et nous nous trouvons souvent dispersés d’un poste à l’autre, d’une équipe à l’autre, d’une entreprise à l’autre. Il en résulte une souffrance au travail chez certains d’entre nous avec des passages à vide et un épuisement.  Nous souffrons car nos vies professionnelles n’ont plus de sens, nous ne savons plus quelle est notre vocation, nous n’avons plus l’impression de suivre un chemin béni.

Mais des chemins personnels d’épanouissement sont toujours possibles dans nos vies professionnelles, possibles à La Défense, dans cette jungle humaine et professionnelle. Car il y a dans toute vie une vocation, un envoi en chemin et une bénédiction. Dans la Genèse, Dieu s’adresse ainsi à Abraham : « Quitte la Maison de tes pères et va vers toi-même. » « Va » : Dieu envoie en chemin et bénit le chemin.

Comment faire pour retrouver le sens de notre vocation et une bénédiction ?

Saint Silouane de l’Athos, moine orthodoxe russe, a vécu au Mont Athos. Il a mené de grands combats spirituels dus, selon lui, à sa nature orgueilleuse. Le Christ lui est apparu plusieurs fois. Une fois, il a plongé son regard dans le sien et Silouane a ressenti l’immense douceur et humilité du Christ. Une autre fois, il lui a dit : « Maintiens ton esprit et ne désespère pas. »

Nous aussi, nous pouvons nous laisser regarder par le Christ et offrir aux autres le regard du Christ.Un regard bien différent des regards professionnalisants, qui ne voient que les savoir-faire, et même des regards psychologisants, qui interrogent le savoir-être. Oui, nous pouvons faire un pas de plus pour poser sur nous-mêmes et sur les autres un regard personnalisant. Regarder une personne et l’écouter. La bénir sur son chemin et dans sa vocation personnelle.

Dans un bureau, dans une tour de La Défense, il n’est pas possible d’ouvrir la fenêtre…mais puissions-nous ouvrir une fenêtre intérieure pour laisser entrer dans nos bureaux cette lumière mystique qui est lumière personnelle !

QUESTIONS -REPONSES

– Une question économique

Le rendement et le profit sont plus que jamais sacralisés. La Doctrine sociale de l’Eglise propose un chemin alternatif, mais comment diffuser ou infuser la doctrine sociale dans nos entreprises ?

Réponse 1 : L’entreprise n’est qu’une assemblée de personnes. En étant soi et en étant habitée par la lumière du Christ, chaque personne laisse passer cette lumière, même si elle n’en parle pas. La prière nous traverse, elle transpire à travers nous, elle est simple rayonnement…quelque chose se transmet toujours de la lumière et de la prière.

Réponse 2 : Dans les années 2000, apparaît la notion de développement durable qui est l’amorce d’une transformation profonde du monde économique avec un impact sur l’environnement et sur les relations humaines. Il nous faut croire que cette transformation est possible.

– Question suivante : Parlez-nous d’amour

Marguerite Porete nous parle merveilleusement d’Amour ! Dans son livre, « Le miroir des âmes simples et anéanties », elle fait dialoguer Raison et Amour et honore l’entendement d’Amour. Pour elle, le Père est l’Amant, le Fils est l’Aimé et l’Esprit est l’Amour. C’est une femme qui s’est abîmée dans le silence et qui s’y est abandonnée au vouloir d’Amour, sans plus rien penser ni vouloir, avec l’intuition que l’amour est entendement, c’est-à-dire écoute et intelligence de Dieu.

Bibliographie

Charlotte Jousseaume a publié :

Le silence est ma joie (2010), un roman épistolaire sur le deuil.

Quatuor mystique (2017), l’évocation littéraire de quatre figures mystiques masculines (Saint Jean de la Croix, Pierre Teilhard de Chardin, Saint Silouane de l’Athos, Maurice Zundel), pour entrer dans l’intimité de leur prière et en vivre le chair à chair.

Et le miroir brûla (2018) : un portrait conté de Marguerite Porete,  une béguine brûlée vive par l’Inquisition et qui nous a laissé un livre, « Le miroir des âmes simples et anéanties », dont la spiritualité a des résonances très contemporaines car elle y parle, avec ses mots à elle, du lâcher prise, du lâcher le mental, de l’intelligence du cœur.

Compte-rendu rédigé par Anne Plauchu



N°891Semaine du 6 au 13 juin 2018

Vous pouvez télécharger le Cahier d’Espérance N°891 au format PDF: 2018 – 891