CAHIER D’ESPÉRANCE N°887 «Réjoussiez-vous et Exultez»

Le Pape nous propose une nouvelle Exhortation apostolique signée le 19 mars.  Il nous  plonge d’emblée dans la parole de Dieu : « Soyez dans la joie et l’allégresse » (Mt 5,12). En fait, l’appel à la sainteté remonte à la Genèse,  quand le Seigneur demande à Abraham « Marche en ma présence et sois parfait »  (Gn 17,1).  L’objectif de cette exhortation est « de faire résonner une fois de plus  l’appel à la sainteté en essayant de l’insérer dans le contexte actuel ». Le Seigneur est exigeant, il nous veut « saints et immaculés en sa présence dans  l’amour » (Ep 1,4).

L’exhortation se subdivise en cinq chapitres; L’appel à la sainteté : les saints nous encouragent et nous accompagnent ( § 1 à 34),  Deux ennemis subtils de la sainteté (§ 35 à 62), A la lumière du maître ( § 63 à § 109), Quelques caractéristiques de la sainteté dans le monde actuel ( §110 à 157), et enfin Combat, vigilance et discernement (§ 158 à  177) .  L’exhortation se présente donc comme un manuel pratique pour nous indiquer comment devenir un saint,  et non pas comme une théologie de la sainteté.

Les deux ennemis de la sainteté que dénonce le pape sont le gnosticisme et le pélagianisme.  Le gnosticisme  est défini comme « une foi renfermée dans le subjectivisme où seule compte une expérience déterminée ou une série de  raisonnements et de connaissances que l’on considère comme pouvant réconforter et éclairer, mais où le sujet reste en définitive fermé dans l’immanence de sa propre raison ou de ses sentiments » § 36. La sainteté, c’est le contraire. Pour l’Eglise, « il a toujours été très clair que la perfection des personnes se mesure par leur degré de charité et non par la quantité de données et de connaissances qu’elles accumulent » § 37.  Pour les pélagiens, ce n’était plus l’intelligence qui occupait la place du mystère  et de la grâce, mais la volonté. On oubliait qu’il « n’est pas question de l’homme qui veut ou qui court mais de Dieu qui fait miséricorde » (Rm 9,16) et que « lui nous a aimés le premier » (1Jn 4,19) § 48. Il s’agit tout simplement d’une volonté sans humilité.

S’inscrivant dans la plus longue tradition de l’Eglise, après St Jean Chrysostome et St Basile le Grand,  François reprend cette conviction primordiale que « nous ne sommes pas justifiés par nos œuvres ni par nos efforts mais par la grâce du Seigneur qui prend l’initiative ». § 52.  Ceci amène François à rappeler le primat des vertus théologales : la foi, l’espérance et la charité qui ont Dieu pour objet.  § 60.

Le Pape  propose un long développement sur les Béatitudes  et nous incite  à  la « sainte indifférence  que saint Ignace proposait et  par laquelle nous atteignons à une  merveilleuse  liberté intérieure » § 69.  Il dénonce avec vigueur  la  nouvelle aliénation consumériste :« le monde nous propose le contraire : le divertissement, la jouissance, le loisir, la diversion, et il nous dit que c’est cela qui fait la bonne vie »  § 75.

Le Pape indique le chemin à suivre face au monde instable : la Croix,  autour de laquelle le monde tourne : « La croix, en particulier les peines et les souffrances que nous supportons pour suivre le commandement de l’amour et le chemin  de la justice, est une source de maturation et de sanctification » § 92.

Ce qui peut paraitre surprenant dans cet effort vers  la sainteté,  c’est que  Notre Dame soit assez peu sollicitée. En réalité, le christocentrisme de cette exhortation implique naturellement Marie,  évoquée en particulier dans l’avant dernier paragraphe qui incite à la récitation du chapelet : « La Mère n’a pas besoin de beaucoup de paroles… Il suffit de chuchoter encore et encore « Je vous salue Marie… » § 176. Au paragraphe suivant, le Pape indique  « Demandons à  l’Esprit Saint d’infuser en nous un intense désir d’être saint pour la plus grande gloire de Dieu et aidons-nous les uns les autres dans cet effort ».  On remarque la référence à la devise des jésuites.

Quel bonheur d’observer que la conclusion de cette exhortation est un clin d’œil à Notre Dame de Pentecôte,  puisque Notre Dame et son divin époux,  le saint Esprit,  sont les deux personnes que sollicite le Pape avant  de nous donner le désir de la sainteté :

 « Ce bonheur que le monde ne pourra nous enlever ». § 177.

Laurent-Michel de Woillemont


4ème Conférence de Carême à Notre-Dame de Pentecôte,
                                            le 8 mars 2018                                                             

SENTIR ET GOUTER L’INTERIORITE

par le Père Xavier NUCCI s.j.

Supérieur de la Communauté des Jésuites de la rue Blomet 75015 Paris

Pendant 6 ans, le Père Nucci a été supérieur d’une communauté de 9 jésuites, vivant dans une cité HLM en Seine Saint-Denis. Il a été, par ailleurs, formateur en pédagogie, durant onze ans, dans les établissements scolaires du réseau jésuite et les écoles d’ingénieurs ICAM.

Depuis 2 ans, le Père Nucci est supérieur dans une communauté du XVème arrondissement, comprenant 36 jésuites, dont 26 étudiants jésuites qui se préparent à devenir prêtres. Il est également délégué à la formation pour tous les étudiants jésuites (une centaine, dont une soixantaine d’étrangers).

ACCOMPAGNER DES ENFANTS DANS LA DECOUVERTE DE LEUR VIE INTERIEURE

L’expérience pédagogique de développement de la vie intérieure des enfants est partie d’une question posée par des enseignants et chefs d’établissements du Primaire, se demandant comment aider les enfants à être plus attentifs et concentrés. C’est ainsi que des responsables de six écoles primaires se sont retrouvés pendant un an pour un travail sur la pédagogie d’éveil à la vie intérieure. Ils ont commencé par se demander ce qu’était leur propre vie intérieure et en ont ensuite déduit une pédagogie constituée d’exercices pour sensibiliser les enfants. L’école du Caousou à Toulouse est devenue terrain d’expérimentation. Le corps enseignant de cette école s’est d’abord réuni régulièrement pendant une année et a décliné les exercices, en fonction des différentes classes, selon une approche empirique. L’expérience a été accompagnée par une pédopsychiatre, intervenant par ailleurs auprès d’enfants autistes.

Cette aventure a aujourd’hui 10 ans, elle a impliqué plusieurs dizaines d’établissements scolaires. Le Diocèse de Saint-Denis en a même fait son thème d’année.

On a observé que les enfants qui entraient ainsi dans l’intériorité avaient une meilleure écoute de ce qui se passait autour d’eux

EXEMPLE D’UN EXERCICE MIS EN PLACE POUR DES ENFANTS DE 6 ANS

Jour 1 : L’enfant regarde ses mains. Puis chaque enfant s’exprime en disant ce que cela lui  a fait.

Jour 2 : L’enfant regarde ses mains, puis il regarde la main de son voisin et il dit ce que  cela lui fait.

Jour 3 : L’enfant regarde ses mains et les frotte, puis, si son voisin est d’accord, il lui saisit   la main, puis il exprime ce que cela lui fait.

Jour 4: L’enfant pense à ce que ses mains lui ont permis de faire et qu’il a bien aimé. Il peut partager ce que cela lui fait…

Jour 5 : L’enfant pense à ce qu’il a moins aimé faire avec ses mains.

Lors de cet exercice, l’enfant prend conscience de son corps et d’après ce que disent ensuite les enfants, la connaissance de son propre corps n’est pas évidente. L’exercice permet aussi à l’enfant de relire sa journée.

Dans cet esprit, un travail est également possible sur la météo intérieure : quel temps fait-il aujourd’hui au fond de moi ? Je prends ainsi conscience de ce qui m’habite.

A Toulouse les élèves de 6ème ont demandé à continuer, ce qui a alors amené des professeurs du collège à entrer à leur tour dans la démarche. Parents et grands-parents se sont aussi retrouvé impliqués par l’intermédiaire des enfants eux-mêmes.

Dans le Supérieur, l’ICAM de Toulouse qui accueille des jeunes de 18 à 23 ans, a développé une pédagogie spécifique pour ces jeunes qui sont surtout dans le faire et ont du mal à se poser.

Notons que toutes ces expériences d’éveil à la vie intérieure ne sont pas immédiatement religieuses, ces exercices conviennent à tous. Ils se situent au seuil de la vie spirituelle et sont très respectueux de chacun.

Les enfants du primaire qui ont vécu cette expérience se sont ensuite engagés dans une démarche de médiation en cours de récréation. Le médiateur, attentif aux jeux et comportements des élèves, intervient en cas de problème. Progressivement le climat de l’école a changé de façon perceptible. En déclinant les exercices dans les différentes matières, la démarche permet de vivre autrement la dimension scolaire.

A suivre….


Une vie mystique !

Michael Lonsdale, en 1993, met en scène Les récits d’un pèlerin russe. Comme il le dit lui-même : « Dieu m’a sauvé du néant ».

La foi de son enfance a été marquée par un père protestant non pratiquant et une mère, française catholique. Mais elle a pris ses distances. C’est en terre musulmane, au Maroc, que Michael se rapproche de Dieu. Puis, de retour en France deux rencontres seront décisives : celles du père dominicain Raymond Regamey et celle d’une femme aveugle, Denise Robert.

Il demande le baptême à 22 ans. Il pense à plusieurs reprises à devenir prêtre, mais il continue sa vie de comédien. Il s’engage dans l’évangélisation et découvre le Renouveau.

A l’Emmanuel, il travaille aux côtés de son nouvel ami, devenu évêque, Mgr Dominique Rey :

« J’ai connu Michael Lonsdale en 1986 au moment d’un festival artistique que je lançais à Paray-le-Monial. Nous sommes devenus très amis. C’est la Foi et l’Art qui nous rapprochent. »

Sa venue à Notre Dame de Pentecôte est un vrai clin Dieu ! 
Venez le rencontrer le 3 mai à 12h45 lors d’un entretien animé par Antoine Bordier.
Une séance de dédicace est prévue après la rencontre.


ATTENTION
NOTRE DAME DE PENTECÔTE sera fermée le 30 avril  et le 1er mai 2018


N°887 Semaine du  18 avril  au 02 mai 2018

Vous pouvez télécharger le Cahier d’Espérance N°887 au format PDF: 2018 – 887


Vous pouvez consulter le dossier bioéthique du site du diocèse de Paris en cliquant sur le lien ci-dessous:
paris.catholique.fr/bioethique