CAHIER D’ESPÉRANCE N°831: «Donner un Idéal»

Selon le sondage IFOP d’avril 2016, dans les banlieues,la moitié des musulmans français de moins de 30 ans est hostile aux valeurs de la République.

Le vécu de la violence dans les cités de non droit,le «no future» des décrocheurs de l’Education nationale,le vide d’identité lié à l’oisiveté entraînent la valorisation du fait «d’avoir la haine». Pour certains, rallier Daesh, c’est trouver une identité, décharger sa haine, avoir un idéal aussi pervers soit-il.

Il faut reconstruire l’école, non pas tant pour combattre le discours “islamiste” que pour empêcher qu’il trouve encore dans les esprits un tel vide à habiter.

Comment freiner la radicalisation de ces jeunes ? Puisque le décrochage scolaire nourrit la “haine de l’identité nationale”,une partie de la réponse  est donc un nouveau type d’éducation des jeunes dans les banlieues.

Un exemple de réalisation est apporté  par la Fondation Espérance banlieues qui a déjà créé huit écoles « hors contrat », accueillant des élèves du CP à la troisième. Les parents paient 750 euros par an, soit environ 15 % du coût de la scolarisation, le reste faisant l’objet de dons privés qui sont sollicités.  Les parents, majoritairement de culture musulmane, font cette dépense pour que leur enfant  échappe à la « contre culture » et à la délinquance dans les cités.

Les enfants ont la fierté d’être français : uniformes, lever matinal des couleurs par les élèves méritants suivi de la Marseillaise et de l’Hymne européen le vendredi…La loi change de camp : ce n’est plus la loi française mais celle des caïds qu’ils trouvent maintenant oppressive.

L’enseignement est personnalisé par un effectif maximum de 18 enfants par classe et par des devoirs tous accompagnés.Les enfants débattent dans des « sizaines ».

Espérons que la demande de subvention  publique  sera satisfaite et que des initiatives de même type seront prises parl ’Education nationale…

Ce sont tous ces thèmes qu’abordera Eric Mestrallet dans sa conférence à Notre Dame de Pentecôte le Jeudi 1er décembre à 12h45. (Voir aussi son site www.esperancebanlieues.org

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Jean-Paul Lannegrace


LEADERSHIP DANS LA BIBLE

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par Paul OHANA*

Conférence organisée par le Service des Relations avec le Judaïsme du Diocèse de Nanterre le jeudi 24 novembre à Notre-Dame de Pentecôte 

QUELS LIENS ENTRE LE LEADERSHIP QUI APPARTIENT AU MONDE DU MANAGEMENT ET LE MONDE DE LA BIBLE ?   

Levinas propose de « faire parler la Bible », or lorsque nous lisons attentivement la Bible (entendue au sens d’Ancien Testament seulement), nous découvrons des situations humaines qui correspondent à des situations managériales contemporaines. Par exemple, quand Abraham discute avec Dieu de l’avenir de Sodome, nous sommes devant un exercice de négociation.

Le livre Leadership dans la Bible met en évidence 35 situations proches du management actuel et 5 situations transversales.  Cette conférence en présente 12, en suivant la progression biblique :

LES ORIGINES

La création du monde : un modèle de gestion de projet

Le premier mot de la Bible est essentiel, il signifie « Au commencement », immédiatement ensuite vient le mot « créer » : Dieu se met dans l’action, Il crée. Le monde aurait pu se faire en un jour. Mais Dieu préfère procéder de manière organisée, planifier son projet et prendre le temps nécessaire. De plus le Créateur se promène sur son chantier et évalue les premiers résultats. Il dit : « C’est bien ». Il exprime alors l’essentielle reconnaissance aussi indispensable dans l’entreprise que dans la famille. Une lecture attentive permet de regarder la création du monde comme ce que nous nommerions gestion de projet.

Caïn et Abel

Eve dit de Caïn « Je me suis pris quelqu’un de chez Dieu », elle positionne son fils comme un personnage supérieur. Quant à Abel, son nom signifie « peu de chose », « rien du tout ». Il n’a la considérationni de sa mère, ni de personne. Lorsque Caïn et Abel décident de faire un don à Dieu, ce dernier accepte le don d’Abel, mais refuse celui de Caïn qui, profondément blessé narcissiquement, tue son frère.

Transposé dans le domaine de l’économie, ce récit permet de comparer Caïn à une entreprise, qui parvenue en situation dominante, ne soigne plus la qualité de ses services et de ses produits, alors qu’Abel offre ce qu’il peut donner de meilleur comme ces autres entreprises qui privilégient la qualité.

  Noé

Plus tard, Dieu dit en substance « Je me suis trompé, je n’aurais pas dû créer le monde ». Dans le domaine du management, le fait de ne pas reconnaître ses erreurs a souvent des conséquences désastreuses. Mieux vaut les reconnaître, afin d’être en mesure d’en tirer des enseignements.

Dieu décide le Déluge, mais heureusement « Noé a trouvé grâce aux yeux de Dieu ». Ce récit permet d’affirmer que dans la situation la plus terrible, il y aura toujours un Noé quelque part. Quand les locaux de Publicis ont brûlé, ses dirigeants étaient au désespoir, or un salarié avait auparavant sauvegardé toutes les données et les dossiers de l’entreprise… 

ABRAHAM, le leader visionnaire

Gestion du changement

Quand Dieu l’appelle, Abraham quitte son pays. Cela ne signifie pas qu’il laisse absolument tout, mais son comportement montre au manager qu’il faut savoir changer de cap quand cela est nécessaire.

*  A partir du livre co-écrit avec David ARNOW, livre disponible à la Librairie de Notre-Dame de Pentecôte.

Paul Ohana a fait des études de Sciences économiques et de Droit, il a été élève: de l’ENS Télécom Paris,des Universités de Harvard et Berckeley. Conseil international en management, il a acquis une expérience du management dans les entreprises qu’il a dirigées en France, au Maroc et en Israël. Consultant, il intervient auprès des entreprises et de leurs cadres dirigeants, ainsi qu’auprès d’associations. Dans un autre livre, Mon père, au cœur du Judaïsme  marocain, Paul Ohana écrit son autobiographie, en rendant hommage à tous ceux qui lui ont transmis les valeurs bibliques.

Accueil de l’étranger

En s’arrêtant de prier pour recevoir dans sa tente les trois visiteurs, Abraham montre un chemin pour aujourd’hui : quelle importance accordons-nous à l’étranger qui frappe à la porte ? 

L’art de la négociation

La rencontre d’Abraham avec Abimélek représente un modèle de négociation réussie. Pour cela,elle répond à quatre étapes permettant de bâtir une confiance réciproque :

– Etablir un bon état des lieux pour avoir une juste appréciation de la situation

– Noter les conditions incontournables qu’il faudra traiter

– Se donner le temps de construire ensemble, de partager des valeurs

– Assurer une communication de qualité, pour résoudre les problèmes qui se posent

L’accord de paix signé par Sadate et Begin a été l’exacte mise en œuvre de cet art de négocier.

L’épreuve d’Isaac

Abraham se trouve pris entre deux situations totalement inacceptables. Comment résoudre ce problème ? Gabriel Marcel affirme que dans ce type de situations impossibles, la seule solution estl’espoir : il s’agit de croire qu’il va se passer quelque chose, sans savoir quoi. Et il ajoute « L’espoir fait partie de l’épreuve, non pas seulement en proportion de celle-ci, il en constitue la véritable réponse. » 

JOSEPH, le leader stratège

Le danger du favoritisme

Dans le domaine de l’économie, le favoritisme ne passe pas, pas plus que le clientélisme en politique. « Les chercheurs ont mis en évidence que ceux qui sont témoins d’actes de favoritisme réagissent contre les favorisés de plusieurs façons, toutes destructrices : ils ternissent leur réputation, ils font de la rétention d’information, ils montent des coalitions hostiles à ces personnes. » (Leadership dans la Bible – page 78)

Etre bras droit

Joseph étonne par sa capacité à seconder Pharaon. On trouve, chez lui, les cinq qualités permettant d’être un excellent second, telles que James Lukaszewski les souligne :  intégrité, compétence,crédibilité, candeur et loyauté. 

M0ISE  le leader missionnaire

La délégation de pouvoir

Au buisson ardent, Moïse accepte sa mission de sortir les Israélites d’Egypte, après avoir négocié pied à pied toutes les conditions de la délégation.

Fin de mission

Moïse accepte de ne pas entrer en Terre de Canaan (non pas parce qu’il avait frappé le rocher) mais surtout parce qu’il a terminé sa mission. Même s’il accepte ses limites, Moïse va jusqu’au bout de ce qu’il doit faire : il passe méthodiquement le relais à Josué son successeur. Martin Luther-King confiait, la veille de son assassinat : « Je ne sais pas si j’irai en terre promise, mais ce soir je suis heureux, parce que je l’ai vue ».    

Finalement en tant que leaders, Abraham, Joseph et Moïse ont tous trois rempli leur mission respective, mais ils ont surtout, tous trois, fait preuve de qualités éthiques extraordinaires. Tout manager peut donc aujourd’hui s’inspirer de leur manière d’exercer leurs responsabilités. 

Compte rendu réalisé par Anne Plauchu     


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N°831  Semaine du 30 novembre au 01 décembre 2016 

Vous pouvez télécharger le Cahier d’Espérance N°831 au format PDF : 2016-831