CAHIER D’ESPÉRANCE N° 810 : «La peur est diffuse : gagnera-t-elle ?  »

Depuis les attentats de janvier 2015, jusqu’à ceux perpétrés à Bruxelles… la peur habite nos vies urbaines.

Dans les gares et les trains, dans les magasins et lors des grandes célébrations aux portes des églises, dans le RER et devant les salles  de spectacle, sur la Dalle et aux Quatre Temps, les vigiles, les soldats, par leur présence nous rappellent l’insécurité du temps présent.

Pourtant, faut-il faire place à la peur ?  Comme chrétien, quelles ressources avons-nous ?

Il nous faut certainement continuer à être vigilants. Des personnes,  par idéologie, nous ont montré qu’elles sont prêtes à semer la destruction et la mort.

Etre vigilant, sans être dans la peur !

Pour cela, sont à disposition : la connaissance, la réflexion, l’action et la prière.

Connaître la situation internationale est important, prendre du temps pour se renseigner, pour mieux évaluer les événements, pour connaître les courants qui traversent le Moyen Orient et l’Islam…
La connaissance combat les phantasmes qui gisent en nous et sont  toujours prêts, en exagérant les choses, à exciter démesurément les angoisses !

Connaître les gestes nécessaires de sécurité civile pour ne pas être dépourvu et ne pas se sentir exagérément déstabilisé.

Réfléchir et prendre du recul, pour ne pas mettre tout le monde dans le même panier et condamner en bloc. Prendre du recul pour savoir mesurer l’état de paix réel, celui de l’organisation sociale forte qui règne, tout de même, dans notre pays… où il fait (malgré cela) plutôt bon vivre.
Il reste bien agréable de partager avec des amis, une bière (avec modération, bien sûr) dans un café sur la Dalle, au soleil du printemps !

Agir: c’est aussi la rencontre qui combat la peur. Quand on travaille en équipe sur un projet, quand on partage des moments de vie, des relations sportives, associatives, caritatives ou non, quand on effectue de l’entraide de voisinage, quand on partage le repas à la cantine ou ailleurs, on découvre vite qu’ils sont nombreux les gens de bonne volonté. Nombreux sont aussi ceux qui refusent que le nom de Dieu soit associé à la violence. La fraternité n’est pas qu’un mot; elle peut prendre figure; l’autre n’est pas qu’une angoisse mais peut devenir une relation normale, heureuse, amicale…

Prier: pour nous souvenir que la vraie force en nous est spirituelle; que la sécurité, pour nécessaire qu’elle soit, se comporte comme une idole qui nous dit « Tu ne me sers jamais assez » et qu’il n’est pas d’existence humaine qui ne soit un risque.

Prier, avec l’enseignement de Paul, en Romains 8 : « Vous n’avez pas reçu un Esprit qui fait de vous des esclaves et vous ramène à la peur; mais vous avez reçu un Esprit qui fait de vous des fils; et c’est en lui que nous crions: «Abba!», c’est-à-dire: Père! C’est donc l’Esprit Saint lui-même qui atteste à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu ».

Prier pour sans cesse ranimer cette foi en Dieu, cette force que l’Esprit met en nous, pour nous sortir de la fatalité, de la stérilité: Rien ne nous ravira ce lien essentiel, existentiel avec le Christ. Et Lui nous a promis « d’être avec nous, tous les jours jusqu’à  la fin des temps », les jours de joie, comme les jours de doute, comme les jours d’angoisse.

Que sa Présence nous libère de toute peur. Peut-être est-ce le moment de lire ou de relire l’exhortation « La joie de l’Évangile » du Pape François, au § 88 : l’idéal chrétien invitera toujours à dépasser.. la peur…

Ceci pour ne pas se laisser ravir la « Joie de l’évangile », la Joie de croire, la Joie d’en vivre !

Père Alain Lotodé


Conférence du 7 avril 2016

  Le Slow business

MONIZ

    Par Pierre MONIZ BARRETO

Certains événements personnels peuvent changer le cours d’une vie.  C’est ce qui est arrivé à Pierre Moniz Barreto. Diplômé d’une grande Ecole
de Commerce, il faisait carrière dans des multinationales telles que Thomson, Le Club Méditerranée, Akzo-Nobel ou Coisne-Lambert, en France et à l’étranger,  au Portugal et en Belgique notamment, en proie au stress inhérent à ce type de fonctionnement. En 1996, la veille de l’ouverture d’un magasin par la firme qui l’employait, il a eu, dans le centre de Bruxelles, un accident dont il est sorti indemne. Le sentiment d’être un miraculé a changé son regard. En 1997, il a décidé d’arrêter de courir après le temps ; il a fait une retraite chez les Bénédictins d’abord, puis chez les Dominicains et les Jésuites, ce qui l’a conduit à faire des études de Théologie au Centre Sèvres, sans savoir où cela le mènerait. Et cela l’a mené à reprendre des activités professionnelles dans des entreprises à caractère culturel ou spirituel.  Il est ainsi devenu responsable Marketing  & Développement d’une maison d’édition protestante, secrétaire général d’un groupement de 65 librairies catholiques, puis délégué général d’une organisation patronale œcuménique de 2000 membres et ce jusqu’en 2011. Il était en même temps enseignant en Ethique des affaires, Finalité des entreprises, et Réforme du capitalisme auprès d’étudiants en MBA & Masters spécialisés à l’ISG et à l’ISEP.

 En janvier 2015, paraît chez Eyrolles « Business, ralentir au travail et en finir avec le temps toxique », sorte d’OVNI managérial. Les retombées médiatiques sont positives. Selon un paradigme du 20° siècle, la rapidité est censée être signe de succès. Mais notre rapport au temps est de plus en plus tendu, malmené, chahuté. Et il y a trois facteurs aggravants :

– l’accélération des modes de transport. Bientôt Paris/New-York en 1h30.  Mais nous n’avons pas appris à gérer ces gains de temps illusoires,

– les nouvelles temporalités liées à la révolution numérique, induites par le développement des portables, tablettes et autres smartphones,

– le flux grandissant des informations. 10 fois plus en 2015 qu’en 2000.

En opposition, le mouvement Slow s’étend. Le mouvement Slow Food regroupe déjà 120 000 personnes à travers le monde. Dans son livre, Pierre Moniz Barreto nous présente une galerie de portraits de grands patrons dont les sociétés connaissent le succès et qui défendent
le Slow Business.

Yvon Chouinard, président de Patagonia, déclare passer 80% de son temps en dehors de l’entreprise pour faire ce qu’il aime. Il pratique le Management By Absence ou MBA ! C’est plus facile pour le patron, objecteront certains, mais Chouinard applique ce principe à son équipe et sa politique RH s’intitule: « let my people go surfing ». Lorsque des tensions avec le management  surviennent, il faut trouver des alliés, tenter des expérimentations. Et comme le surfer attend que les conditions soient bonnes pour aller surfer, le manager doit juger du bon moment de son action. C’est le “management au fil de l’eau” dont parle Philippe DETRIE, de la Maison du Management. Cette attitude doit s’accompagner de la capacité à se remettre en cause et nécessite une bonne charte de  fonctionnement.

Jason Fried qui dirige une entreprise de Hi-Tech, insiste sur la nécessité de détoxification en distinguant 4 facteurs de toxicité :

– l’excès de planning,

– l’excès d’urgence,

– l’excès de travail,

– l’excès d’interruptions.

Osez être lents”, dit l’entrepreneur à succès Suédois Fredrik Arnander. Autres praticiens connus : Thierry Marx, Philippe Laval ou Calvin Klein qui insiste sur la volonté de « savoir prendre son temps ». Attention, la lenteur n’est pas un objectif, ce n’est qu’un moyen: ce qu’il faut, c’est trouver le bon rythme, le tempo giusto. Le time management est, en fait, un life management, car notre rapport  au temps n’est pas sécable.  Pour cela, il y a deux serrures, la déculpabilisation et le désemplissage, car nous avons tendance à remplir notre temps par peur de l’ennui. Ces chefs d’entreprise Slow, champions de croissance dans leur secteur d’activité, ont constaté qu’un temps “off” avant une journée difficile est un accélérateur de performance.

Pierre Moniz Barreto regarde ces principes sous l’angle philosophique et, surtout théologique. Le 7ème jour, Dieu lui-même se repose. Il  n’a pas rythmé la Création sans pause salutaire. Dans l’Apocalypse, on constate qu’il existe un temps propre au monde spirituel où de nombreux prodiges peuvent prendre place, alors que le temps humain est fait de difficultés. Le temps spirituel n’est pas le nôtre, mais la bonne nouvelle est que la ligne entre les deux temps n’est pas étanche: ils se rejoignent à la fin, c’est le point Omega de Teilhard de Chardin. Entre les deux, il y a le Christ et l’expérience du Triduum pascal. Entre l’aporie de Vendredi Saint et la grâce de Pâques, il y a  le temps intermédiaire du Samedi Saint où il ne se passe pas grand ‘chose, en apparence seulement. C’est en réalité une pause salutaire où la profondeur est nécessaire.  En termes de management,
Fredrik Arnander parle de set up time et Steve BENNETT  de  latence intermédiaire.

Le time management doit ainsi devenir un life management.                           

Notes de Michèle Rain


ACCORD DE PARIS 2016

cop21

 

 Nous ne pouvons ignorer que  le 22 avril a été signé à New York l’Accord de Paris,accord universel conclu le 12 décembre 2015 pour espérer contenir le réchauffement climatique sous le seuil de 2° C.

Près d’une soixantaine de chefs d’Etat ou de gouvernement ont participé à cette cérémonie, dont la Chine et les Etats-Unis.

Cet accord doit en effet être signé par au moins 55 pays représentant au moins 55% des émissions de gaz à effet de serre.

Souhaitons que la mobilisation après la COP 21 continue et même s’accentue.

En tant que chrétiens, ne sommes-nous pas concernés par le respect de la création?

L’équipe « Vivre Sobres et Solidaires 


N°810 Semaine du 27 avril au 4 mai 2016

Vous  pouvez télécharger le Cahier d’Espérance N°810 au format PDF : 2016-810