Cahier d’Espérance n° 795 : « Vivre l’Année de la miséricorde à Notre Dame de Pentecôte »

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Citons d’abord quelques extraits de la Bulle* « Visage de la Miséricorde » en lien avec le thème « Cherchez la Justice » choisi pour les conférences de Carême 2016 à NDP :« Si Dieu s’arrêtait à la justice, il cesserait d’être Dieu ; il serait comme tous les hommes qui invoquent le respect de la loi. La justice seule ne suffit pas et l’expérience montre que faire uniquement appel à elle risque de l’anéantir. C’est ainsi que Dieu va au-delà de la justice avec la miséricorde et le pardon. Cela ne signifie pas dévaluer la justice ou la rendre superflue, au contraire. Qui se trompe devra purger sa peine, mais ce n’est pas là le dernier mot, mais le début de la conversion, en faisant l’expérience de la tendresse du pardon. Dieu ne refuse pas la justice. Il l’intègre et la dépasse dans un événement plus grand dans lequel on fait l’expérience de l’amour, fondement d’une vraie justice…» (§ 21)

« La valeur de la miséricorde dépasse les frontières de l’Eglise. Elle est le lien avec le Judaïsme et l’Islam qui la considèrent comme un des attributs les plus significatifs de Dieu. Israël a d’abord reçu cette révélation qui demeure dans l’histoire commele point de départ d’une richesse incommensurable à offrir à toute l’humanité…»(§ 23)

« Que cette Année Jubilaire, vécue dans la miséricorde, favorise la rencontre avec ces religions et les autres nobles traditions religieuses. Qu’elle nous rende plus ouverts au dialogue pour mieux nous connaître et nous comprendre. Qu’elle chasse toute forme de fermeture et de mépris. Qu’elle repousse toute forme de violence et de discrimination… » (§ 23)


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Avec ses vœux pour une année de Paix et  d’Espérance, la Librairie vous propose un choix de lectures centrées sur la Miséricorde, thème choisi par le pape François pour nourrir notre vie de foi tout au long de 2016.

Sur la Table de présentation, certains ouvrages ont fait ou feront l’objet de notes de lectures  en quelques lignes, celles ci sont disponibles  dans les dossiers  à l’Accueil et sur le Site de Notre Dame de Pentecôte à l’onglet « librairie »

Tous, selon la sensibilité de leurs auteurs, se proposent d’approfondir et  de décliner  sur des modes divers, la mise en valeur, le sens profond et renouvelé de cette “vertu”.

Car, oui nous sommes tous invités  à « redécouvrir le visage de la Miséricorde et à en vivre », selon les mots mêmes du Saint Père !

Bonne Année 

Les Libraires


 

LOGODJCM
 DIALOGUE INTER-RELIGIEUX *

La solidarité comme outil de dialogue

Conférence du 19 novembre 2015

Après les attentats du 13 novembre à Paris, cette réunion-débat préparée depuis près d’un an avait une importance particulière.  Autour de la table, Slimane Tounsi, musulman Ibadite, Michel Elbaz représentant le judaïsme, Jean-Paul Vanhoove, agnostique, Guillaume Burgelin, chrétien et Denis Sabardine, co-organisateur de la réunion, ont tenté de sortir du débat théorique pour favoriser le « vivre ensemble ».

Pour Slimane Tounsi, qui est notamment médiateur, la solidarité est à la racine même de l’humanité. Nous ne sommes que locataires sur cette terre et Dieu nous a donné une
responsabilité. Nous avons à découvrir et à assumer que nous dépendons des autres, à ne pas priver l’autre de ce que nous avons. Cela s’apprend dès l’enfance et le rôle de la famille est extrêmement important. D’origine algérienne, Slimane Tounsi vient d’une région où les conditions de vie difficiles imposaient une forte solidarité ; ainsi celui qui gaspillait l’eau était exclu de la communauté. Il était aussi possible, à l’approche de la mort, de céder un tiers de ses biens pour venir en aide à la communauté.

Michel Elbaz place d’entrée la solidarité sous le signe de la Loi qui régit les rapports entre Dieu et l’homme et les rapports entre les hommes mais s’accorde à penser que la solidarité est en l’homme et que c’est une responsabilité à l’égard des hommes et à l’égard de Dieu. Quand Abraham ouvre sa tente, il n’est pas encore juif mais il incarne déjà la valeur de l’amour du prochain. Venir en aide au pauvre est fondamental dans le judaïsme. La Tsedaka est différente de la charité, c’est un acte de justice. Donner quelque chose à quelqu’un qui n’a rien, c’est apporter de la justice au monde et c’est parce que l’autre est faible que je suis, en quelque sorte, contraint de faire un acte de justice. Au sommet de la Tsedaka, c’est l’action  de restaurer l’autre dans son autonomie, en lui trouvant du travail ;  au bas du classement se trouve l’obligation que le donneur sache à qui il donne et que le receveur sache qui lui a donné. Hardout, que l’on traduit parfois par solidarité, est plutôt la fraternité. Acteur d’un réseau d’action sociale, Michel Elbaz reconnaît avoir suivi l’exemple de ses parents ; la Tsedaka est son ADN humain.

Guillaume Burgelin parle de la solidarité comme « charité », mot essentiel de la tradition catholique, comme « fraternité », mot de la devise de la France, et reprend l’idée d’une solidarité qui est intrinsèque à l’humanité et dépasse nos convictions. Comme l’écrivait au début du siècle, le Pasteur Maurice Goguel « je suis humain avant d’être religieux, religieux avant d’être chrétien, chrétien avant d’être protestant. » La solidarité est œuvre de justice et puise ses racines chrétiennes dans la parabole du Bon Samaritain. Il s’interroge sur le changement de regard que lui a apporté son action auprès des gens de la rue mais, dit-il,  l’humanité ne se mesure pas.
Il évoque sa rencontre avec des personnes de la rue aujourd’hui décédées, et note qu’il a été initié au dialogue interreligieux par Claude WIENER, prêtre de la mission de France, qui a pour projet la création d’une commémoration interreligieuse des morts de la rue. La dignité des morts, c’est la dignité des vivants et les trois autres intervenants insistent sur ce point.

Comment réagit Jean-Paul Vanhoove qui ne prend pas position sur « l’hypothèse Dieu » et qui ne la considère pas comme nécessaire pour l’aider à décider de ses actes?  C’est la solidarité qui fait la société et, à présent que les échanges économiques sont mondiaux, la solidarité doit être mondiale. Cela l’a conduit à s’impliquer dans le commerce équitable. Une de ses préoccupations est que, où qu’ils vivent, les gens vivent bien de leur travail. Il se sent responsable de ce qu’il fait ou ne fait pas, reconnait qu’être juste ne lui apporte ni tranquillité ni vie éternelle, qu’il n’a pas besoin de reconnaissance mais a constaté qu’il aurait mauvaise conscience de ne pas agir contre ce qu’il lui parait injuste.

Nos inspirations différentes ne nous séparent pas, souligne Michel Elbaz. La vie associative juive est ouverte, citoyenne, et ce sont ceux qui sont à l’extérieur qui créent
les clivages. Il croit à la différence. Pour Slimane Tounsi, , il ne s’agit pas de gommer cette différence mais l’Islam doit réfléchir sur lui-même et sur ses textes fondateurs.

Un auditeur, Conseiller régional, souligne l’aspect positif de cette réunion, tenue à un moment où certains essaient de diviser la société. Pour lui, la solidarité ne va pas sans la paix, qui est sous-jacente dans les démarches des intervenants même si le mot n’a pas été prononcé.

En hébreu, la paix se dit Shalom, Salam en arabe. Dans la racine du mot, il y a le don d’argent qui complète quelque chose. La paix est un échange complet. Il faut promouvoir
une culture de paix.

Notes de Michèle Rain

* Evénement co-organisé par Notre Dame de Pentecôte et Dialogue JCM


 

795 Semaine du 13 au 20 janvier 2016

Vous  pouvez télécharger le Cahier d’Espérance N°795 au format PDF : 2016 – 795